jeudi 27 mai 2021

[Macdonald, Ross] Le corbillard zébré

 

 

 

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Titre : Le corbillard zébré
           (The Zebra-Striped Hearse)

Auteur : Ross MACDONALD

Traducteur : Jacques MAILHOS

Parution : en anglais (Etats-Unis) en 1962,
                   en français à partir de 1964 

                    (dont Gallmeister en 2021) 

Pages : 336

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

L’avenir sourit à Harriet Blackwell. À vingt-quatre ans, elle est sur le point d’hériter d’un demi-million de dollars et compte épouser un peintre désargenté dont elle est éperdument amoureuse. Seulement, son père, le colonel Blackwell, se méfie. Autoritaire et plein de certitudes, il charge Lew Archer d’en apprendre davantage sur le prétendant de sa fille, avec la ferme intention de le discréditer. Et justement, certains éléments troublants donnent de bonnes raisons de s’inquiéter. Mais Harriet Blackwell n’a pas l’intention de se laisser dicter sa conduite par son père, et bientôt le couple disparaît.

  

Le mot de l'éditeur sur l'auteur : 

Ross Macdonald, de son vrai nom Kenneth Millar, naît en 1915 en Californie. Lorsqu’il est âgé de quatre ans, sa famille s’installe au Canada. Son père quitte alors le foyer familial et le jeune garçon grandit dans la pauvreté. Il connaît une adolescence violente, à la limite de la délinquance.

À la mort de son père, un petit héritage lui permet d’entrer à l’université. Sa mère meurt en 1935. Après deux années passées à voyager en Europe, il revient au Canada, où il reprend ses études et épouse en 1938 Margaret Sturm, qui s’illustrera elle aussi dans le monde du polar sous le nom de Margaret Millar.

Il enseigne pendant quelques années avant de rejoindre l’US Navy dans le Pacifique. À son retour de la guerre, il s’installe en Californie et publie un premier roman, The Dark Tunnel, en 1944, sous son véritable nom. Trois autres romans suivront avant la publication, en 1949, de Cible mouvante. Celui-ci paraît sous le pseudonyme de "John Macdonald", que l'auteur ne tardera pas à remplacer par celui de "Ross Macdonald". La série dont Lew Archer est le héros est née.

Mais si la carrière de Ross Macdonald décolle à ce moment-là, sa vie privée le condamne à traverser plusieurs épreuves. Son mariage bat de l’aile et il tente de se suicider. En 1956, sa fille unique Linda, alors âgée de dix-sept ans, est impliquée dans un homicide involontaire. Trois ans plus tard, alors qu’elle est en liberté conditionnelle et sous traitement psychiatrique, elle disparaît pendant une semaine avant d’être finalement retrouvée dans le Nevada.

Dès lors, l’œuvre de Ross Macdonald connaît un tournant. Les aspects les plus sombres et les plus troublants de son expérience personnelle entrent dans ses romans : enfants perdus, adultes aux prises avec les regrets, secrets de famille. Ses personnages gagnent en nuance et en profondeur.
En 1969, une poignée de journalistes organisent ce que l’on appellera la “conspiration Ross Macdonald” : décidant de dépasser le présupposé selon lequel le polar est un sous-genre littéraire, ils s’accordent pour publier de concert des articles majeurs destinés à pousser l’auteur sur le devant de la scène littéraire. À partir de cette date, les romans de Ross Macdonald deviennent des best-sellers ; il fait même la une de Newsweek en 1971. Des millions d’exemplaires sont vendus et le roman policier acquiert grâce à lui ses lettres de noblesse.

Ross Macdonald meurt en 1983 à l’âge de soixante-sept ans. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands écrivains de romans noirs. James Crumley disait avoir relu dix fois son œuvre et James Ellroy lui a dédicacé le premier volume de sa trilogie Lloyd Hopkins.

 

 

Avis :

Le très autoritaire Colonel Blackwell est inquiet : à vingt-quatre ans, sa fille Harriet doit hériter de sa tante à son prochain anniversaire. Or, la voilà entichée d’un peintre sans le sou au passé pas très net, qui semble user de plusieurs identités… A peine ce père a-t-il engagé le détective privé Lew Archer pour démasquer celui qu’il suspecte d'être un dangereux coureur de dot, que le jeune couple disparaît.

C’est un classique du polar noir américain des années soixante que remettent à l’honneur les Editions Gallmeister, par cette nouvelle traduction, pour la première fois intégrale, qui redonne vie au détective Lew Archer, personnage récurrent de Ross Macdonald. Fin psychologue au grand coeur, notre limier se retrouve plongé dans une intrigue compliquée qui réserve bien des surprises, tant couvent de troubles secrets derrière la respectable façade de la bourgeoisie californienne. Avec ses doubles ou triples fonds, l’histoire s’avère bien ficelée et ses protagonistes crédibles dans leur complexité. Peu à peu se dessine un tableau coloré, mais sans illusion, des différentes populations qui se croisent sur cette côte du Pacifique, à deux pas du Mexique : entre nantis qui cachent leur mal de vivre dans leurs somptueuses villas, et modestes employés aux vies misérables, évoluent marginaux en tout genre, artistes aiguillonnés par l’espoir de percer, surfeurs bigarrés un rien zébrés, joueurs de casino prêts à perdre l’argent du ménage...

Avec son rythme sans temps mort, son intrigue habilement tissée et ses révélations savamment distillées, cette très bonne enquête policière à l’ancienne est une fort agréable occasion de découvrir un écrivain réputé maître dans l’art du roman noir américain. (3,5/5)

 

Citation :

Je pénétrai dans le « club », dont les nombreux habitués s’amusaient avec ardeur en cette fin d’après-midi, si tant est que des joueurs aient jamais l’air de s’amuser. Ils maniaient cartes ou dés comme des pécheurs invoquant le ciel pour un peu de pardon. Ils poussaient convulsivement les poignées des machines à sous, comme si elles étaient des cerveaux électroniques capables de répondre à toutes leurs questions.

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