J'ai aimé
Titre : Le bal des cendres
Auteur : Gilles PARIS
Parution : 2022 (Plon)
Pages : 312
Présentation de l'éditeur :
Sur l’île de Stromboli, des couples
savourent leurs vacances. Ils sont sensibles, lâches, infidèles,
égoïstes, enfantins. Elles sont fortes, résilientes, légères,
amoureuses. Le réveil du volcan va bouleverser leurs vies. Cet été de
tous les dangers sera-t-il le prix à payer pour se libérer enfin ?
Tous vont apprendre à se connaitre, à s’apprécier, à s’aimer même pour certains, jusqu’à l’éruption du volcan qui décidera du sort de chacun dans ce roman choral. Le propriétaire de l’hôtel, Guillaume de la Salle, est français. Il s’est associé à Matheo, avec lequel il a vécu un passé sombre quand ils appartenaient à la Direction du Renseignement militaire. D’autres clients s’installent cet été-là. Anton et Sevda, un couple charismatique. Lui est chirurgien et travaille sur les zones de conflits. Elle est une ancienne infirmière qui a élevé leurs trois filles et veille jalousement sur leur couple. Il y a Lior, un océanologue de 25 ans, qui a vécu adolescent sur l’île, en sauvant sa mère d’une mort certaine. Ethel et Sebastiàn, frère et sœur, arrivent d’Uruguay après une enfance douloureuse. Elena, la comtesse italienne, privée de l’usage de ses jambes, se remémore ses souvenirs sur l’île dans l’ombre d’un mari disparu trop tôt. Abigale, une ravissante Américaine, attend son amant Eytan, marié à une autre femme. Gaetano, le guide, ami du père de Giulia, élevé pratiquement avec sa fille dont il est épris. Et Marco qui loue volontiers sa barque pour faire le tour de l’île.
Le volcan, toujours en activité, va se réveiller, tout comme la conscience éveillée des personnages et de leurs secrets. Cet été-là est celui de tous les dangers.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Gilles Paris travaille dans l’édition depuis trente ans. Il est l’auteur de Papa et maman sont morts (Seuil, 1991), d’Autobiographie d’une Courgette (Plon, 2002), best-seller traduit dans une douzaine de langues, d’Au pays des kangourous (Don Quichotte, 2012, récompensé par six prix littéraires) et de L’Été des lucioles (Héloïse d’Ormesson, 2014).
Avis :
Cet été-là, ils sont une quinzaine à avoir posé leurs valises – et emmené leurs problèmes personnels – à l’hôtel Strongyle de Stromboli, l’île Eolienne située au nord de la Sicile et bien connue pour son volcan en éruption quasi continue. Ils sont venus y chercher le calme de ses petites plages tranquilles, à l’écart des grandes stations balnéaires, avec, en point d’orgue à leur séjour, la randonnée jusqu’au sommet du volcan. Très encadrée, cette excursion un temps interdite pour des raisons de sécurité s’effectue avec un guide, souvent de nuit pour voir les éruptions. Malgré les précautions, le risque zéro n’existe pas, les plus fortes explosions restant imprévisibles. Alors, pour les touristes comme pour les habitants de l’île, entre le feu du volcan et celui qui couve dans les coeurs, cet été-là marquera un avant et un après…D’emblée l’on pense au Paris-Briançon de Philippe Besson. Ici, pas de train emportant divers destins vers une tragédie collective, mais un hôtel rassemblant des vacanciers, débarqués d’horizons différents pour un séjour qu’ils ignorent assez dangereux pour faire exploser leurs vies déjà passablement ébranlées. Entre plusieurs couples en crise, une fratrie unie par une enfance douloureuse, quelques esprits poursuivis par un passé sombre et d’autres ne se remettant pas de leurs deuils, des plus jeunes qui n’ont pas dix ans aux plus âgés qui ont déjà tout perdu et des touristes de passage à la petite communauté de locaux gravitant autour de l’hôtel et des activités touristiques, c’est toute une humanité cabossée par des histoires personnelles dont personne n’aurait idée si elles ne nous étaient dévoilées au rythme d’une narration chorale, qui se dessine peu à peu sur le fond spectaculaire de cendres noires et de mer céruléenne de cette île aux humeurs imprévisibles.
Lorsque le Stromboli éructe plus fort que d’habitude, lâchant ses bombes volcaniques sur les lilliputiens humains accrochés à ses pentes abruptes, volent en même temps en éclats les carapaces de chacun des protagonistes, mettant au jour les braises et les cendres de ces vies à différents stades de combustion. L’attention d’abord éparpillée, puis teintée d’une pointe de scepticisme, face à l’accumulation de tant de destins si improbablement singuliers, surpris par ailleurs par l’incongruité de fautes étonnamment échappées à la correction, l’on se laisse finalement emporter par cette histoire métaphorique qui se plaît à explorer la face cachée des êtres en autant de mises en abyme, béances pourtant insignifiantes face aux terribles et grandioses puissances de la nature. Alors, peut-être, rappelés à la conscience de la fragilité et de l’éphémérité de la vie, certains personnages sauront-ils balayer les scories de leur existence pour tenter d’en reprendre le contrôle... (3/5)
Citations :
Parfois les grandes personnes, c’est plus compliqué que la serrure d’une maison. On n’a jamais la clé pour entrer.
À mon âge, la mémoire est une chambre aux volets ouverts. On y voit la lumière, on y entre par effraction.
Giulia ne perd rien en n’ayant pas connu sa mère. Elles exigent pour leur fille ce qu’elles n’ont pas eu à leur mariage, ni après.
Je me fais souvent une opinion dès le premier regard. Certains silences en disent plus long que les belles paroles. J’ai toujours pensé que les faits soulignaient la valeur des êtres, et non leurs mots qui vous ensorcellent.
Souriez aux inconnus dans une foule, vous serez surpris par ceux qui vous répondent. Peu de gens sont solaires, finalement. L’existence se charge de raccourcir toute joie de vivre.
Tomber amoureuse. Quelle étrange expression. L’amour et son vertige. Comme si aimer, au fond, n’était qu’une longue chute. Il arrive toujours un moment où l’on retombe sur ses pieds, dans le meilleur des cas, ou le cul à terre la plupart du temps.
Je lui ai tout pardonné, car étant de bonne nature, j’ai toujours su que ma mère n’avait jamais connu le bonheur. Il y a des gens, comme ça, qui échappent à l’essentiel.
Le limon sur lequel je viens d’entamer la descente est absolument lunaire. De la poussière de volcan changée en sable. C’est comme marcher dans la poudreuse. Le premier pas s’enfonce. Le second doit aussitôt s’engager, tandis que l’autre émerge des profondeurs. Un étrange ballet, avec la caillasse qui dévale tout autour de vous et disparaît, aspirée dans l’abîme du sablon. La pente est ardue, Gaetano a conseillé d’éviter de s’arrêter. Nous risquerions de perdre l’équilibre, puis de tomber, avant de glisser sur cette pente nourrie aux copeaux rocheux.
J’adore le sourire. Il me fait fondre comme le verre sous le feu. C’est une invitation à entrer. La clé unique pour toutes les serrures du monde.
À mon âge, la mémoire est une chambre aux volets ouverts. On y voit la lumière, on y entre par effraction.
Giulia ne perd rien en n’ayant pas connu sa mère. Elles exigent pour leur fille ce qu’elles n’ont pas eu à leur mariage, ni après.
Je me fais souvent une opinion dès le premier regard. Certains silences en disent plus long que les belles paroles. J’ai toujours pensé que les faits soulignaient la valeur des êtres, et non leurs mots qui vous ensorcellent.
Souriez aux inconnus dans une foule, vous serez surpris par ceux qui vous répondent. Peu de gens sont solaires, finalement. L’existence se charge de raccourcir toute joie de vivre.
Tomber amoureuse. Quelle étrange expression. L’amour et son vertige. Comme si aimer, au fond, n’était qu’une longue chute. Il arrive toujours un moment où l’on retombe sur ses pieds, dans le meilleur des cas, ou le cul à terre la plupart du temps.
Je lui ai tout pardonné, car étant de bonne nature, j’ai toujours su que ma mère n’avait jamais connu le bonheur. Il y a des gens, comme ça, qui échappent à l’essentiel.
Le limon sur lequel je viens d’entamer la descente est absolument lunaire. De la poussière de volcan changée en sable. C’est comme marcher dans la poudreuse. Le premier pas s’enfonce. Le second doit aussitôt s’engager, tandis que l’autre émerge des profondeurs. Un étrange ballet, avec la caillasse qui dévale tout autour de vous et disparaît, aspirée dans l’abîme du sablon. La pente est ardue, Gaetano a conseillé d’éviter de s’arrêter. Nous risquerions de perdre l’équilibre, puis de tomber, avant de glisser sur cette pente nourrie aux copeaux rocheux.
J’adore le sourire. Il me fait fondre comme le verre sous le feu. C’est une invitation à entrer. La clé unique pour toutes les serrures du monde.
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