J'ai beaucoup aimé
Titre : Meurtres en promo
Auteur : Anaïs CULOT
Parution : 2021 (Lucien Souny)
Pages : 288
Présentation de l'éditeur :
En perte de repères après un cinglant échec professionnel, Lisa retourne
dans sa ville natale en Virginie, qu’elle a quittée dix ans plus tôt.
Elle y croise des visages familiers, mais elle reste en retrait. Puis,
en l’espace de trois jours, deux anciens de ses camarades d’école
trouvent la mort. Les souvenirs se bousculent lorsqu’elle comprend que
son retour coïncide avec le week-end de retrouvailles de sa
promotion 2009. Elle s’y rendra à reculons. Alors que le sang continue à
couler, elle est rattrapée par de vieux secrets, qu’elle pensait morts
et enterrés grâce à une solidarité estudiantine inoxydable. Une histoire
haletante et fascinante. Anaïs Culot n’a de cesse de brouiller les
frontières, de décortiquer les facettes de chaque personnage, les
rendant tantôt coupables, tantôt victimes. Une lecture noire qui donne
un incroyable aperçu de la psychologie à la fois du prédateur et de sa
proie, et qui interroge le lecteur sur ce qui est socialement acceptable
et sur la justification de la violence.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Avis :
Fraîchement licenciée de son emploi à New York, Lisa, bientôt la trentaine, revient après une décennie d’absence dans sa ville natale de Virginie. Son retour coïncide par hasard avec les festivités organisées pour les dix ans de sa promotion de lycée. A demi enchantée seulement de ces retrouvailles, la jeune femme n’a pas le temps de renouer avec tous ses anciens camarades d’école que deux trouvent la mort en l’espace de quelques jours. Serait-il possible que ces décès, bientôt suivis d’autres disparitions aux allures de moins en moins accidentelles, aient un lien avec le passé et le secret pourtant hermétiquement scellé de la promotion 2009 ?
D’abord heurté par la scène d’introduction, d’une particulière violence et, à ce stade du récit, totalement inexpliquée, le lecteur reprend son souffle en arrivant en compagnie de Lisa dans cette petite ville américaine où tout le monde se connaît. Impossible d’y passer inaperçus et nous voilà bientôt familiers des lieux et des relations de la narratrice autrefois. Le climat s’avère d’emblée lugubre et pesant, alors qu’il semble vouloir imposer à Lisa l’intrusive et circonspecte curiosité de connaissances dans l’ensemble assez peu amicales. Il devient rapidement inquiétant lorsque commencent à s’accumuler les évènements douteux, puis franchement menaçants, dans ce qui se révèle une série meurtrière. Depuis longtemps déjà, le lecteur ne sait plus à qui se fier, se doutant d’un lien avec les faits de l’épouvantable introduction, et constatant la mauvaise conscience de protagonistes dont on ne sait plus s’ils sont victimes ou coupables, tant dans les évènements d’hier que dans ceux d’aujourd’hui.
Ici bons et méchants n’existent pas. Seul prévaut le rapport de force entre dominants et dominés du moment, dans une confrontation où, sans morale aucune, chacun n’a de cesse de s’emparer du manche, coûte que coûte. Ainsi tout n’est question que de circonstances, mais aussi, peut-être, de grain de folie, les plus fous ayant l’avantage de l’imprévisibilité et de la désinhibition absolue.
Cette noire histoire de vengeance aux tardives et démesurées répercussions se lit en un souffle de suspense, avec, pour seule moralité, la terrifiante loi du plus fort… ou du plus fou. (4/5)
D’abord heurté par la scène d’introduction, d’une particulière violence et, à ce stade du récit, totalement inexpliquée, le lecteur reprend son souffle en arrivant en compagnie de Lisa dans cette petite ville américaine où tout le monde se connaît. Impossible d’y passer inaperçus et nous voilà bientôt familiers des lieux et des relations de la narratrice autrefois. Le climat s’avère d’emblée lugubre et pesant, alors qu’il semble vouloir imposer à Lisa l’intrusive et circonspecte curiosité de connaissances dans l’ensemble assez peu amicales. Il devient rapidement inquiétant lorsque commencent à s’accumuler les évènements douteux, puis franchement menaçants, dans ce qui se révèle une série meurtrière. Depuis longtemps déjà, le lecteur ne sait plus à qui se fier, se doutant d’un lien avec les faits de l’épouvantable introduction, et constatant la mauvaise conscience de protagonistes dont on ne sait plus s’ils sont victimes ou coupables, tant dans les évènements d’hier que dans ceux d’aujourd’hui.
Ici bons et méchants n’existent pas. Seul prévaut le rapport de force entre dominants et dominés du moment, dans une confrontation où, sans morale aucune, chacun n’a de cesse de s’emparer du manche, coûte que coûte. Ainsi tout n’est question que de circonstances, mais aussi, peut-être, de grain de folie, les plus fous ayant l’avantage de l’imprévisibilité et de la désinhibition absolue.
Cette noire histoire de vengeance aux tardives et démesurées répercussions se lit en un souffle de suspense, avec, pour seule moralité, la terrifiante loi du plus fort… ou du plus fou. (4/5)
Citations :
Avant, mon esprit indépendant et mon incapacité à me préoccuper des banalités qui font la vie d’une ado un parcours du combattant donnaient l’illusion que l’avis d’autrui m’importait peu. Ce qui était partiellement vrai. La vie de tous m’importait peu. L’avis de certains m’importait trop. Dix ans plus tard, les choses s’inversent. L’avis de tous m’importe, car je n’ai plus rie à prouver à la minorité de personnes qui me sont proches. J’ai enfin cessé d’accorder un intérêt démesuré à ce que pensent mes parents de ma vie et de mes choix.
Je m’apprête à descendre l’escalier lorsque j’aperçois mon reflet. J’ai pris dix ans en une nuit. Aucune chance que cette chose dans la glace soit la personne que j’étais hier. Elle a bien l’apparence de ce que je ressens en ce moment. Ce doit être un miroir magique, qui vous montre votre état intérieur. Si une telle chose existait, elle permettrait à beaucoup de personnes de se faire porter malade. Imaginez si l’on pouvait lire sur votre visage chaque chose que vous ressentez mais n’exprimez pas habituellement. On pourrait décrypter à quel point vous avez mal au ventre en fonction des rides qui vous creusent la face. Ou bien l’intensité de votre gueule de bois selon la pâleur de votre peau et la largeur de vos cernes. Mais il serait aussi possible de détecter la dépression , qui est loin de se déchiffrer sur le visage de celui qui la subit. Le miroir de vos émotions rendrait alors impossibles les faux-semblants. Tout le maquillage du monde ne suffirait pas à masquer votre désespoir. On se sentirait obligé de vous aider rien qu’en vous regardant.
Je m’apprête à descendre l’escalier lorsque j’aperçois mon reflet. J’ai pris dix ans en une nuit. Aucune chance que cette chose dans la glace soit la personne que j’étais hier. Elle a bien l’apparence de ce que je ressens en ce moment. Ce doit être un miroir magique, qui vous montre votre état intérieur. Si une telle chose existait, elle permettrait à beaucoup de personnes de se faire porter malade. Imaginez si l’on pouvait lire sur votre visage chaque chose que vous ressentez mais n’exprimez pas habituellement. On pourrait décrypter à quel point vous avez mal au ventre en fonction des rides qui vous creusent la face. Ou bien l’intensité de votre gueule de bois selon la pâleur de votre peau et la largeur de vos cernes. Mais il serait aussi possible de détecter la dépression , qui est loin de se déchiffrer sur le visage de celui qui la subit. Le miroir de vos émotions rendrait alors impossibles les faux-semblants. Tout le maquillage du monde ne suffirait pas à masquer votre désespoir. On se sentirait obligé de vous aider rien qu’en vous regardant.
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