J'ai beaucoup aimé
Titre : Cette émotion particulière
Auteur : Bob SOLO
Parution : 2023 (Editions du Yéti)
Pages : 136
Présentation de l'éditeur :
Je finis par reculer, sans me lever, le plus discrètement possible. La magie a eu lieu. La rencontre s'est produite. L'émerveillement était là, encore une fois.Photographe animalier, Bob Solo nous entraîne avec lui au sein des fleuves, des marais, des forêts, à la recherche de la faune sauvage. 27 chroniques de rencontres émouvantes, souvent bouleversantes.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Fixé dans un petit village ardéchois au bord du Rhône, autodidacte en
tout, café-théâtre, chanson française (auteur-compositeur-interprète),
sculpture, photo, écriture, et même agriculture, Bob Solo se cantonne
désormais à produire de la pensée et de l'émotion.
Avis :
Après, en 2021, un premier livre bouleversant, imprégné de la présence de sa compagne récemment disparue, Bob Solo revient avec un nouveau récit autobiographique, empli cette fois de ses expériences de photographe animalier amateur et d’un tout autre type d’émotion : celle qui vous saisit lorsque votre route et votre patience vous permettent d’entrevoir, en fugitifs moments de grâce, les discrètes et farouches beautés de la faune sauvage.
Chevreuils en Berry, cerfs en forêt de Tronçais, renards et marmottes dans le Massif Central, petit peuple des oiseaux de jardin ou bandes d’oiseaux migrateurs en Camargue, vautours réintroduits dans la Drôme ou gorilles sauvés dans un « espace zoologique » de la Loire… : entre petits jours en pleine nature, approches persévérantes et parfois sportives, aléas et coups de chance, chaque rencontre est une petite aventure riche en anecdotes et en sensations, mais aussi le couronnement, toujours imprévisible, d’une démarche toute d’humilité et de respect. En se fondant, invisible, dans chaque environnement naturel, l’observateur prend conscience de son statut d’intrus dans ces microcosmes que l’homme malmène ordinairement. Et c’est avec un émerveillement mêlé d’une pointe de tristesse, qu’en se camouflant aux côtés du photographe, l’on se fait le témoin de cette diversité animale devenue atrocement peau de chagrin.
Aucun lecteur ne restera insensible à la simplicité et sincérité de ton de ces petits récits attachants. Mis bout à bout, ils forment un ensemble jamais moralisateur, mais qui, en partageant le réel plaisir de l’observation et de la découverte de la nature et de sa faune, en même temps que l’excitation du chasseur de belles images, mène immanquablement au regret de voir peu à peu disparaître toute cette fascinante vie sauvage.
Ne reste plus alors, grâce au bonus en ligne offert avec le livre, qu’à courir découvrir les photographies de Bob Solo, chacune encore plus forte de son histoire particulière. (4/5)
Chevreuils en Berry, cerfs en forêt de Tronçais, renards et marmottes dans le Massif Central, petit peuple des oiseaux de jardin ou bandes d’oiseaux migrateurs en Camargue, vautours réintroduits dans la Drôme ou gorilles sauvés dans un « espace zoologique » de la Loire… : entre petits jours en pleine nature, approches persévérantes et parfois sportives, aléas et coups de chance, chaque rencontre est une petite aventure riche en anecdotes et en sensations, mais aussi le couronnement, toujours imprévisible, d’une démarche toute d’humilité et de respect. En se fondant, invisible, dans chaque environnement naturel, l’observateur prend conscience de son statut d’intrus dans ces microcosmes que l’homme malmène ordinairement. Et c’est avec un émerveillement mêlé d’une pointe de tristesse, qu’en se camouflant aux côtés du photographe, l’on se fait le témoin de cette diversité animale devenue atrocement peau de chagrin.
Aucun lecteur ne restera insensible à la simplicité et sincérité de ton de ces petits récits attachants. Mis bout à bout, ils forment un ensemble jamais moralisateur, mais qui, en partageant le réel plaisir de l’observation et de la découverte de la nature et de sa faune, en même temps que l’excitation du chasseur de belles images, mène immanquablement au regret de voir peu à peu disparaître toute cette fascinante vie sauvage.
Ne reste plus alors, grâce au bonus en ligne offert avec le livre, qu’à courir découvrir les photographies de Bob Solo, chacune encore plus forte de son histoire particulière. (4/5)
Citations :
Je demande des précisions au sujet de certaines pistes barrées par de larges grilles amovibles, lestées par des blocs de béton, du type de celles qu'on utilise pour interdire l'accès aux chantiers de construction. « C'est pour les cerfs. À cette époque, ils sont vite dérangés, alors il faut réglementer davantage. Figurez-vous que c'était devenu une sorte d'attraction. Les gens venaient en voiture au coeur de la forêt et attendaient, confortablement installés et phares allumés ! Ce n'était plus possible... »
— Vous venez pour nos marmottes ?
La formulation me fait sourire. Oui, c'est bien pour ça que nous sommes là, pour leurs marmottes. Réintroduites il y a plusieurs décennies, elles ont largement colonisé le secteur depuis. Profitant de l'occasion, j'essaie d'en savoir plus, mais je n'ai pas beaucoup de questions à poser. Notre hôtesse nous fait aussitôt un topo complet, nous indiquant un itinéraire détaillé à suivre à partir du gîte, précisant les repères à ne pas manquer : le sentier juste avant le petit pont, le versant à grimper depuis la vieille cabane. Elle peut nous garantir le plein succès de notre expédition.
— Il faut être sur place très tôt, j'imagine...
J'avais beau avoir potassé le sujet, j'étais en fait bien ignorant des moeurs de nos gentils rongeurs. C'était pourtant évident.
— Non, pensez-vous, ce sont des marmottes ! Inutile de vous lever aux aurores. Dans la première moitié de la matinée, c'est bien suffisant, et vous aurez une belle lumière.
Nous restons longtemps là à les regarder, bien après que le reste des visiteurs soit parti. Ils sont toujours aussi calmes. Certains semblent simplement se reposer après leur repas. En voilà un qui se cale contre la baie vitrée. Cette proximité m'émerveille. Je plonge mon regard dans le sien. C'est évidemment un réflexe d'anthropomorphisme qui me fait y chercher quelque chose que je pourrais comprendre. Et je voudrais qu'à son tour il perçoive quelque chose de moi. Rêve fou de pouvoir communiquer avec un être vivant qui ne semble pas d'une totale altérité. Au demeurant, c'est un fait, si l'on en croit la théorie de l'évolution : il y a fort longtemps vivaient nos ancêtres communs. Et quoi qu'il en soit, nous avons en partage ce phénomène étrange qu'est “la vie” ainsi que cette planète qui nous a vus apparaitre, qui nous a permis d'exister, qui nous a nourris. Dès lors, j'en arrive une fois de plus à l'idée que nous n'avons pas plus de droit que lui, pas plus de légitimité à vivre que lui, ni que n'importe quel organisme vivant. Et enfin, que nous sommes l'unique espèce qui détruit le monde qui rend son existence possible, incapables d'atteindre ce point d'équilibre que toutes les autres semblent avoir trouvé. En ce sens, ce splendide primate a plus de sagesse que moi. Lui connait les lois de la nature, les mêmes peut-être qui régissent notre univers, et il les respecte, dans son propre intérêt.
On n'avait vu que l'aspect utilitaire de la nature, une fois de plus. Plutôt que planter un piquet pour y accrocher un panneau, on clouait celui-ci au tronc d'un arbre sans autre considération. J'avais accompagné mon amie sur plusieurs sites pour assister à ses séances de photos, lui signalant même parfois ce qui pouvait faire une bonne image. Les jours passant, à voir tous ces arbres mutilés de la sorte, j'avais fini par ressentir une véritable empathie à leur égard. Une bonne dose de culpabilité aussi, en tant qu'humain, jusqu'à une sensation de malaise physique. J'y voyais la marque de notre indifférence à ces autres formes de vie, que nous jugeons trop inférieures pour nous émouvoir de leur sort. Et peut-être une certain degré de cruauté. Mais à bien y réfléchir, sachant le peu de prix que peut avoir le vie humaine en certains endroits du monde, on ne s'étonnera pas des traitements infligés aux vivants non-humains, en premier lieu les animaux, chassés, exterminés, exploités, produits à la chaîne. Alors pensez donc, des végétaux, qui s'en soucie ?
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