J'ai beaucoup aimé
Titre : Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla
Auteur : Jean-Christophe RUFIN
Editeur : Gallimard
Parution : 2019
Pages : 384
Présentation de l'éditeur :
«Sept fois ils se sont dit oui. Dans des consulats obscurs, des mairies
de quartier, des grandes cathédrales ou des chapelles du bout du monde.
Tantôt pieds nus, tantôt en grand équipage. Il leur est même arrivé
d’oublier les alliances. Sept fois, ils se sont engagés. Et six fois,
l’éloignement, la séparation, le divorce…
Edgar et Ludmilla... Le mariage sans fin d’un aventurier charmeur, un brin escroc, et d’une exilée un peu "perchée", devenue une sublime cantatrice acclamée sur toutes les scènes d’opéra du monde. Pour eux, c’était en somme : "ni avec toi, ni sans toi". À cause de cette impossibilité, ils ont inventé une autre manière de s’aimer.
Pour tenter de percer leur mystère, je les ai suivis partout, de Russie jusqu’en Amérique, du Maroc à l’Afrique du Sud. J’ai consulté les archives et reconstitué les étapes de leur vie pendant un demi-siècle palpitant, de l’après-guerre jusqu’aux années 2000. Surtout, je suis le seul à avoir recueilli leurs confidences, au point de savoir à peu près tout sur eux. Parfois, je me demande même s’ils existeraient sans moi.»
Jean-Christophe Rufin.
Edgar et Ludmilla... Le mariage sans fin d’un aventurier charmeur, un brin escroc, et d’une exilée un peu "perchée", devenue une sublime cantatrice acclamée sur toutes les scènes d’opéra du monde. Pour eux, c’était en somme : "ni avec toi, ni sans toi". À cause de cette impossibilité, ils ont inventé une autre manière de s’aimer.
Pour tenter de percer leur mystère, je les ai suivis partout, de Russie jusqu’en Amérique, du Maroc à l’Afrique du Sud. J’ai consulté les archives et reconstitué les étapes de leur vie pendant un demi-siècle palpitant, de l’après-guerre jusqu’aux années 2000. Surtout, je suis le seul à avoir recueilli leurs confidences, au point de savoir à peu près tout sur eux. Parfois, je me demande même s’ils existeraient sans moi.»
Jean-Christophe Rufin.
Avis :
1958. Edgar est un jeune Français séducteur à la moralité un brin élastique, Ludmilla une jeune femme au tempérament de feu qui ne rêve que de quitter son village d’Ukraine. Leur rencontre improbable lors d’un reportage d’Edgar dans ce pays fermé où les rares visites de capitalistes étrangers sont encadrées de près par les autorités, va mettre fin à une vie qu’ils ne vivraient jamais plus : celle pendant laquelle ils ne s’étaient pas connus. Elle va sonner l’heure d’un mariage des contraires et de deux mondes opposés.
C’est le gendre d’Edgar et Ludmilla qui nous relate l’histoire de ces deux enfants terribles, par le jeu de deux récits enchâssés qui permet à l’auteur, par le biais du narrateur, d‘éclairer et de commenter un récit aux sonorités autobiographiques et très librement inspiré de la vie de Bernard Tapie et de Maria Callas. Se déroulant sur toute la seconde moitié du 20e siècle, le cheminement des deux protagonistes épouse celui de leur époque : démarrant de rien après-guerre, ils connaîtront une carrière brillante et médiatisée pendant les Trente Glorieuses, avant de subir de multiples crises et une profonde remise en cause. Chaque étape de leur vie est une nouvelle épreuve pour leur amour. Pourtant chaque cahot et chaque divorce ne feront que renforcer une union dont ils finiront par comprendre l’indéfectibilité.
Dans toutes les traditions spirituelles, le chiffre sept est sacré. Il symbolise l’achèvement et la totalité, la perfection d’un cycle complet, le pouvoir de la transformation, le temps du pèlerinage terrestre de l‘homme, l’union des contraires et la résolution du dualisme. Pour Edgar et Ludmilla, c’est aussi le symbole de la maturation, de la prise de conscience de la survie de leur amour à tout ce qui se met en travers de sa route. Il nous semble aujourd’hui que le mariage est quelque chose de trop sérieux pour le confier à des jeunes gens. Ce devrait être un aboutissement, vous ne croyez pas ? Un but à atteindre, l’idéal. Pour y parvenir, il faudrait toutes les ressources de la maturité, toutes les leçons de l’expérience et le temps surtout, le temps pour rencontrer la bonne personne et la reconnaître…
Au fond, Edgar et Ludmilla sont depuis toujours viscéralement attachés l’un à l’autre. Mais le manque de communication, le conditionnement de leur éducation, leur orgueil et leurs blessures sont autant de perturbateurs qui viennent brouiller la conscience qu’ils en ont. Leur histoire est un plaidoyer pour la patience et le non-renoncement : l’amour se construit, il perdure au-delà des frustrations et des chemins personnels qui parfois divergent. Notre société de consommation et d’immédiateté a trop vite fait de jeter le bébé avec l’eau du bain. Le divorce ne règle pas tout, l’amour est bien trop complexe pour se résumer au choix binaire entre « je t’aime » et « je ne t’aime plus.»
Au fil du tourbillon effréné de ce fulgurant conte d’amour-passion, une émotion prend peu à peu forme pour finir par occuper tout l’espace, mélange de sincérité et d’humilité, de tendresse et d’humanité. Un livre plus intimiste et tout aussi réussi que les précédents de cet auteur. (4/5)
C’est le gendre d’Edgar et Ludmilla qui nous relate l’histoire de ces deux enfants terribles, par le jeu de deux récits enchâssés qui permet à l’auteur, par le biais du narrateur, d‘éclairer et de commenter un récit aux sonorités autobiographiques et très librement inspiré de la vie de Bernard Tapie et de Maria Callas. Se déroulant sur toute la seconde moitié du 20e siècle, le cheminement des deux protagonistes épouse celui de leur époque : démarrant de rien après-guerre, ils connaîtront une carrière brillante et médiatisée pendant les Trente Glorieuses, avant de subir de multiples crises et une profonde remise en cause. Chaque étape de leur vie est une nouvelle épreuve pour leur amour. Pourtant chaque cahot et chaque divorce ne feront que renforcer une union dont ils finiront par comprendre l’indéfectibilité.
Dans toutes les traditions spirituelles, le chiffre sept est sacré. Il symbolise l’achèvement et la totalité, la perfection d’un cycle complet, le pouvoir de la transformation, le temps du pèlerinage terrestre de l‘homme, l’union des contraires et la résolution du dualisme. Pour Edgar et Ludmilla, c’est aussi le symbole de la maturation, de la prise de conscience de la survie de leur amour à tout ce qui se met en travers de sa route. Il nous semble aujourd’hui que le mariage est quelque chose de trop sérieux pour le confier à des jeunes gens. Ce devrait être un aboutissement, vous ne croyez pas ? Un but à atteindre, l’idéal. Pour y parvenir, il faudrait toutes les ressources de la maturité, toutes les leçons de l’expérience et le temps surtout, le temps pour rencontrer la bonne personne et la reconnaître…
Au fond, Edgar et Ludmilla sont depuis toujours viscéralement attachés l’un à l’autre. Mais le manque de communication, le conditionnement de leur éducation, leur orgueil et leurs blessures sont autant de perturbateurs qui viennent brouiller la conscience qu’ils en ont. Leur histoire est un plaidoyer pour la patience et le non-renoncement : l’amour se construit, il perdure au-delà des frustrations et des chemins personnels qui parfois divergent. Notre société de consommation et d’immédiateté a trop vite fait de jeter le bébé avec l’eau du bain. Le divorce ne règle pas tout, l’amour est bien trop complexe pour se résumer au choix binaire entre « je t’aime » et « je ne t’aime plus.»
Au fil du tourbillon effréné de ce fulgurant conte d’amour-passion, une émotion prend peu à peu forme pour finir par occuper tout l’espace, mélange de sincérité et d’humilité, de tendresse et d’humanité. Un livre plus intimiste et tout aussi réussi que les précédents de cet auteur. (4/5)
Citations :
Les grands naufrages, paraît-il, s’annoncent par d’imperceptibles craquements tandis que l’on continue de danser sur les ponts.
Qu’on puisse lire la musique, que des signes sur du papier gardent la trace des sons et permettent à l’oeil de remplacer l’oreille pour faire entendre des mélodies, cela lui parut une merveilleuse invention. La musique, tout à coup, quittait le domaine invisible des songes et entrait dans la réalité concrète, comme ces îles fabuleuses qui cessent d’appartenir au monde rêvé des récits de navigateurs pour prendre un contour et un relief sur des cartes.
« Ce qu’on te reproche, cultive-le : c’est toi. » C’est un de vos poètes qui a dit cela. Jean Cocteau, je crois. Eh bien voilà un programme pour vous, madame. Et, à mon avis, c’est le seul qui puisse vous donner la première place que vous méritez.
Vous connaissez cette phrase de Michel-Ange : « Toutes les statues sont dans le marbre, il suffit de les en faire sortir. »
Dans les immenses tuyaux de l’économie circulent le meilleur et le pire mêlés. Le crime, le vice, l’injustice sont fondus dans une masse circulante de capitaux, un peu à la manière de ces composants toxiques qu’on mêle à la préparation de plats industriels.
Rien ne provoque la détresse comme le bonheur quand il est obligatoire.
Embrasser une jolie femme dans un jardin à Santa Monica est une épreuve à laquelle, je pense, la plupart des hommes sont préparés, même s’ils savent, à regret, qu’ils n’auront jamais à la subir
Qu’on puisse lire la musique, que des signes sur du papier gardent la trace des sons et permettent à l’oeil de remplacer l’oreille pour faire entendre des mélodies, cela lui parut une merveilleuse invention. La musique, tout à coup, quittait le domaine invisible des songes et entrait dans la réalité concrète, comme ces îles fabuleuses qui cessent d’appartenir au monde rêvé des récits de navigateurs pour prendre un contour et un relief sur des cartes.
« Ce qu’on te reproche, cultive-le : c’est toi. » C’est un de vos poètes qui a dit cela. Jean Cocteau, je crois. Eh bien voilà un programme pour vous, madame. Et, à mon avis, c’est le seul qui puisse vous donner la première place que vous méritez.
Vous connaissez cette phrase de Michel-Ange : « Toutes les statues sont dans le marbre, il suffit de les en faire sortir. »
Dans les immenses tuyaux de l’économie circulent le meilleur et le pire mêlés. Le crime, le vice, l’injustice sont fondus dans une masse circulante de capitaux, un peu à la manière de ces composants toxiques qu’on mêle à la préparation de plats industriels.
Rien ne provoque la détresse comme le bonheur quand il est obligatoire.
Embrasser une jolie femme dans un jardin à Santa Monica est une épreuve à laquelle, je pense, la plupart des hommes sont préparés, même s’ils savent, à regret, qu’ils n’auront jamais à la subir
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire