J'ai beaucoup aimé
Titre : La grande peur dans la montagne
Auteur : Charles-Ferdinand RAMUZ
Parution : 1925
Le Livre de Poche (1975)
Pages : 192
Présentation de l'éditeur :
Sasseneire est un pâturage de haute montagne que les gens du village
délaissent depuis vingt ans à cause d’une histoire pas très claire qui
fait encore trembler les vieux. Mais faut-il perdre tant de bonne herbe
par crainte d’un prétendu mauvais sort, alors que la commune est pauvre ?
Le clan des jeunes finit par l’emporter : en été, le troupeau monte à
l’alpage, à 2 300 mètres d’altitude, sous la garde du maître fromager,
son neveu, quatre hommes et un jeune garçon. Très vite le site et les
propos du vieux Barthélemy créent un climat de crainte et de
superstition. Puis la « maladie » ravage le bétail. Mis en quarantaine,
les hommes de l’alpage sont prisonniers au pied du glacier menaçant.
Tout alors bascule. C’est la grande peur dont Ramuz fait le récit dans
cette forte et célèbre chronique montagnarde.
Un mot sur l'auteur :
Charles-Ferdinand Ramuz (1878-1947) est un écrivain et poète suisse romand. Il fait ses débuts littéraires à Paris, avant de revenir définitivement en Suisse. La reconnaissance littéraire lui vient à partir de 1925, lorsque Grasset le publie. Son oeuvre, maintes fois rééditée, comprend notamment vingt-deux romans, plusieurs recueils de proses brèves, des essais, de la poésie et des textes autobiographiques, désormais rangés au rang des classiques de la littérature.Avis :
Cela fait vingt ans, depuis une sombre et mystérieuse histoire dont les témoins refusent de parler, que plus personne ne monte à l’alpage maudit de Sasseneire, à 2300 mètres d’altitude et quatre heures de marche au-dessus du village. Pourtant, l’on manque de pâturages pour vivre convenablement. Alors, malgré les peurs et les avertissements des anciens, le maire réussit à rallier les plus jeunes à son projet d’emmener quelques vaches là-haut, à la prochaine estive. En juin, ils sont sept, six hommes et un jeune garçon, à s’installer pour l’été dans le chalet de Sasseneire, pour s’occuper du troupeau. Le climat, pollué par les superstitions, est déjà à l’inquiétude. Il vire à une franche peur, lorsque la maladie se met à ravager le troupeau, semblant prouver la vieille malédiction, et coinçant le petit groupe en quarantaine, à la merci des diableries qu’abritent ce coin de montagne.
L’histoire est admirablement contée. Et c’est suspendu à ses mots que le lecteur se retrouve immergé dans le monde paysan et les montagnes du canton de Vaud, en Suisse, au début du siècle dernier. L’atmosphère restituée avec soin est prégnante, les personnages finement observés et criants de vérité, tandis que le style narratif, emprunté avec naturel aux protagonistes, restitue au plus près mentalités et réactions, dans une évocation des plus vivantes. Le sentiment d’une menace, d’autant plus troublante qu’impalpable, imprègne le texte dès son incipit, et c’est avec la certitude d’un drame à venir que l’on avance avec angoisse dans ce récit habilement tendu jusqu’à son dénouement.
Au travers de cette narration, que l’on imagine sans peine faire trembler son auditoire dans la lumière dansante du feu à la veillée, Ramuz nous conte les peurs anciennes des hommes dans une nature aussi grandiose qu’écrasante, les croyances et les superstitions nées de l’ignorance et de l’impuissance, l’irrationalité des comportements face à la mort, au danger et à l’inconnu. La montagne, avec ses beautés et ses traîtrises, est la grande prêtresse de cette histoire dont elle a le dernier mot, semblant se gausser des petitesses humaines et jouer à plaisir avec les nerfs de ses habitants.
La puissance d’évocation de la nature, la justesse d’observation des personnages du cru, et la singularité de la langue, travaillée pour restituer l’essence du pays vaudois, font de ce roman un des plus grands classiques de Ramuz, sans doute pour ce canton suisse ce que Pagnol est à la Provence. (4/5)
L’histoire est admirablement contée. Et c’est suspendu à ses mots que le lecteur se retrouve immergé dans le monde paysan et les montagnes du canton de Vaud, en Suisse, au début du siècle dernier. L’atmosphère restituée avec soin est prégnante, les personnages finement observés et criants de vérité, tandis que le style narratif, emprunté avec naturel aux protagonistes, restitue au plus près mentalités et réactions, dans une évocation des plus vivantes. Le sentiment d’une menace, d’autant plus troublante qu’impalpable, imprègne le texte dès son incipit, et c’est avec la certitude d’un drame à venir que l’on avance avec angoisse dans ce récit habilement tendu jusqu’à son dénouement.
Au travers de cette narration, que l’on imagine sans peine faire trembler son auditoire dans la lumière dansante du feu à la veillée, Ramuz nous conte les peurs anciennes des hommes dans une nature aussi grandiose qu’écrasante, les croyances et les superstitions nées de l’ignorance et de l’impuissance, l’irrationalité des comportements face à la mort, au danger et à l’inconnu. La montagne, avec ses beautés et ses traîtrises, est la grande prêtresse de cette histoire dont elle a le dernier mot, semblant se gausser des petitesses humaines et jouer à plaisir avec les nerfs de ses habitants.
La puissance d’évocation de la nature, la justesse d’observation des personnages du cru, et la singularité de la langue, travaillée pour restituer l’essence du pays vaudois, font de ce roman un des plus grands classiques de Ramuz, sans doute pour ce canton suisse ce que Pagnol est à la Provence. (4/5)
Citations :
Ils se sont assis dans la fumée à laquelle ils ajoutaient toujours un peu plus avec leurs pipes ; de sorte qu’elle leur pendait après le bras, quand ils levaient le bras ; ils devaient la déchirer avec leur tête quand ils avançaient la tête. On discutait plus qu’on ne buvait.
A l’extrême pointe de ces aiguilles et de ces dents, l’aurore est comme un oiseau qui se pose, commençant par le haut de l’arbre, puis se mettant à le descendre, en même temps qu’elle multipliait ses perchoirs, elle sautait de branche en branche.
A l’extrême pointe de ces aiguilles et de ces dents, l’aurore est comme un oiseau qui se pose, commençant par le haut de l’arbre, puis se mettant à le descendre, en même temps qu’elle multipliait ses perchoirs, elle sautait de branche en branche.
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