J'ai beaucoup aimé
Titre : Un coin de ciel brûlait
Auteur : Laurent GUILLAUME
Editeur : Michel Lafon
Parution : 2021
Pages : 492
Présentation de l'éditeur :
Sierra Leone, 1992. La vie de Neal Yeboah, douze ans, bascule sans
prévenir dans les horreurs de la guerre civile qui ensanglante son pays :
enrôlé de force dans un groupe armé, il devient un enfant-soldat.
Genève, aujourd'hui. La journaliste Tanya Rigal, du service investigation de Mediapart, se rend à une convocation de la police judiciaire suisse. L'homme avec qui elle avait rendez-vous a été retrouvé mort dans sa suite d'un palace genevois, un pic à glace planté dans l'oreille. Tanya comprendra très vite qu'elle a mis les pieds dans une affaire qui la dépasse...
Trente ans séparent ces deux histoires, pourtant, entre Freetown, Monrovia, Paris, Nice, Genève et Washington DC, le destin fracassé de Neal Yeboah va bouleverser la vie de bien des gens, celle de Tanya en particulier. C'est que le sang appelle le sang, et ceux qui l'ont fait couler en Afrique l'apprendront bientôt. À leurs dépens.
Genève, aujourd'hui. La journaliste Tanya Rigal, du service investigation de Mediapart, se rend à une convocation de la police judiciaire suisse. L'homme avec qui elle avait rendez-vous a été retrouvé mort dans sa suite d'un palace genevois, un pic à glace planté dans l'oreille. Tanya comprendra très vite qu'elle a mis les pieds dans une affaire qui la dépasse...
Trente ans séparent ces deux histoires, pourtant, entre Freetown, Monrovia, Paris, Nice, Genève et Washington DC, le destin fracassé de Neal Yeboah va bouleverser la vie de bien des gens, celle de Tanya en particulier. C'est que le sang appelle le sang, et ceux qui l'ont fait couler en Afrique l'apprendront bientôt. À leurs dépens.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Ancien capitaine de police, aujourd'hui consultant pour de grandes
organisations internationales, Laurent Guillaume est l'auteur de
plusieurs romans remarqués, dont Mako, Black cocaïne (en cours d'adaptation pour la télévision) et Là où vivent les loups. Il écrit aussi pour la télévision.
Avis :
En 1992, arraché à sa famille par la guerre civile qui ravage la Sierra Leone, Neal Yeboah, douze ans, est enrôlé de force comme enfant-soldat. Trente ans plus tard, un homme est retrouvé assassiné dans un palace genevois. Il avait rendez-vous avec la journaliste d’investigation Tanya Rigal, qui, convoquée par la police judiciaire suisse, réalise qu’elle est sur une affaire énorme, intéressant jusqu’aux services secrets américains. Elle ne sait pas encore, que de l’Afrique à l’Europe et aux Etats-Unis, le sang n’a pas fini de couler…
En flic-auteur avisé, Laurent Guillaume nous entraîne dans une enquête énergique et pleine d’adrénaline, dont le style percutant et le rythme soutenu sont faits pour happer le lecteur de la première à la dernière page. Il nous livre donc un bon polar, captivant à souhait, mais pas seulement. Son livre est aussi une plongée, terrifiante il faut le dire, dans la guerre civile qui ravagea la Sierra Leone pendant toutes les années quatre-vingt-dix, décimant et déplaçant les populations dans un déchaînement de violences et d’atrocités, le tout avec le concours massif d’enfants-soldats, et pour enjeu principal, le contrôle des zones diamantifères. L’auteur enchâsse ainsi sa fiction dans une trame historique parfaitement authentique, parsemée de personnages réels, et, par d’incessants allers-retours entre l’Afrique et le reste du monde à trente ans d’intervalle, met efficacement en lumière le problème persistant des diamants de conflits, aussi appelés diamants de sang.
La narration, suffisamment réaliste pour bien faire prendre la mesure des atrocités commises, en même temps que l’ampleur des jeux de pouvoir économique et politique qu‘alimente la contrebande de diamants, a de quoi faire froid dans le dos. En plus d’aider à armer les rébellions et d’entretenir l’instabilité en Afrique, les diamants de sang continuent aujourd’hui à financer des régimes totalitaires. Al-Qaïda aussi en a tiré une partie de sa fortune...
Loin du simple divertissement, ce polar palpitant est aussi l’occasion de découvrir le rôle des diamants dans les conflits africains. Avant d’être montés en bijoux, ce sont parfois de véritables rivières de sang qu’ils ont déjà fait couler… (4/5)
En flic-auteur avisé, Laurent Guillaume nous entraîne dans une enquête énergique et pleine d’adrénaline, dont le style percutant et le rythme soutenu sont faits pour happer le lecteur de la première à la dernière page. Il nous livre donc un bon polar, captivant à souhait, mais pas seulement. Son livre est aussi une plongée, terrifiante il faut le dire, dans la guerre civile qui ravagea la Sierra Leone pendant toutes les années quatre-vingt-dix, décimant et déplaçant les populations dans un déchaînement de violences et d’atrocités, le tout avec le concours massif d’enfants-soldats, et pour enjeu principal, le contrôle des zones diamantifères. L’auteur enchâsse ainsi sa fiction dans une trame historique parfaitement authentique, parsemée de personnages réels, et, par d’incessants allers-retours entre l’Afrique et le reste du monde à trente ans d’intervalle, met efficacement en lumière le problème persistant des diamants de conflits, aussi appelés diamants de sang.
La narration, suffisamment réaliste pour bien faire prendre la mesure des atrocités commises, en même temps que l’ampleur des jeux de pouvoir économique et politique qu‘alimente la contrebande de diamants, a de quoi faire froid dans le dos. En plus d’aider à armer les rébellions et d’entretenir l’instabilité en Afrique, les diamants de sang continuent aujourd’hui à financer des régimes totalitaires. Al-Qaïda aussi en a tiré une partie de sa fortune...
Loin du simple divertissement, ce polar palpitant est aussi l’occasion de découvrir le rôle des diamants dans les conflits africains. Avant d’être montés en bijoux, ce sont parfois de véritables rivières de sang qu’ils ont déjà fait couler… (4/5)
Citations :
Toi, ce qui te paralyse, c’est pas la peur de mourir ou d’être blessé, c’est tes racines. L’âme de ton père et le souvenir de ta mère, ils sont vivants en toi. Et tu as peur de les perdre, de les effacer en tuant des innocents parce que ça va à l’encontre de ce que tes parents t’ont appris. Tuer des gens innocents, c’est comme tuer ton père à chaque fois et effacer ta mère, t’en éloigner.
Il resta quelques instants silencieux, comme s’il puisait dans ses propres souvenirs.
– Ce sont des gens bien, mais ils représentent un danger pour toi. Les gens bien ne font pas de vieux os dans la rébellion. Tu ne veux pas les trahir, alors ils restent en toi, ils guident tes actes, ton fusil, tes cibles.
Il resta quelques instants silencieux, comme s’il puisait dans ses propres souvenirs.
– Ce sont des gens bien, mais ils représentent un danger pour toi. Les gens bien ne font pas de vieux os dans la rébellion. Tu ne veux pas les trahir, alors ils restent en toi, ils guident tes actes, ton fusil, tes cibles.
À Freetown, un petit capitaine de l’armée de terre nommé Valentine Strasser avait renversé le vieux général président Joseph Saidu Momoh. Avec un groupe d’officiers, le nouveau président avait fondé le Conseil national provisoire du gouvernement, dont tout le monde savait qu’il n’aurait rien de provisoire parce qu’en Afrique plus qu’ailleurs, les gouvernements provisoires militaires durent longtemps.
Ainsi on en est là, se dit-il, prêts à se massacrer entre nous pour quelques cailloux. La rébellion, toute cette merde n’est que l’excuse pour que certains puissent s’enrichir. Nous sommes des assassins aveugles, des pantins entre les mains de salopards avides comme cet Américain, comme Popay et comme ce chef du Hezbollah.
Le palais présidentiel était situé au bord de l’océan Atlantique, dans le quartier résidentiel de Capitol Hill, à Monrovia. (…)
D’apparence lugubre, la bâtisse semi-circulaire de huit étages, grise comme un ciel d’orage, traînait une sale réputation de lieu hanté et maudit. Les Monroviens l’appelaient le Manoir, comme si seuls des monstres de légende y demeuraient. Aucun Président qui y avait séjourné pour une période prolongée ne connut de fin agréable. On citait souvent le sort du pauvre William R. Tolbert, assassiné en 1980 en pyjama dans sa chambre du palais par les hommes de John Doe, ancien sous-officier de l’armée libérienne et nouveau Président par la force des baïonnettes qui, pour faire bonne mesure, fit également exécuter publiquement tout le gouvernement de son prédécesseur.
Le président Doe fut payé en retour et en magnanimité dix ans plus tard, lorsque Prince Johnson et Charles Taylor, à la tête de troupes rebelles, le renversèrent. Doe fut torturé, il eut les doigts et les oreilles tranchés puis fut exécuté d’une balle dans la tête devant un Johnson hilare, sirotant sa bière. Alors, comme souvent en Afrique, les alliés opportunistes Johnson et Taylor s’affrontèrent en une terrible guerre civile de sept ans. Mais c’est par les urnes que Taylor conquit le pouvoir en 1997, même si certains doutèrent de la sincérité du scrutin. À peine entré au palais, Taylor entreprit de nettoyer les institutions et la société civile de tout ce qui représentait une forme d’opposition ou de menace à son omnipotence.
Comme toujours, les dictateurs se bercent d’illusions. Taylor pensait qu’un peu d’aide suffirait à sauver son régime, mais c’était d’un défibrillateur dont il aurait eu besoin. Les dictateurs aiment à penser que leur sort sera différent de celui de leurs prédécesseurs, qu’ils sont plus malins, que leur pouvoir est plus stable. Ils sous-estiment souvent l’adversité et la haine de leur peuple. La peur qu’ils instillent est une arme à double tranchant ; bien dosée, elle tient les rênes serrées, mais quand, par effet de surdose, les gens n’ont plus rien à perdre, là, les véritables ennuis commencent.
– Nous ne pouvons pas tuer tous les gens qui représentent une gêne, Monsieur.
– Bien sûr que si, nous pouvons ! Pourquoi ne pourrions-nous pas ? Cette nation s’est même bâtie sur ce principe.
Ce serait un coup de génie incroyablement ironique : créer de toutes pièces une prétendue rébellion pour s’emparer de mines de diamants, et lorsque la guerre est en voie de s’achever, investir l’argent qu’on a gagné grâce aux massacres dans des mines parfaitement légales et déclarées…
– Al Qaïda s’est financée grâce aux diamants de la Sierra Leone, dit-elle.
– Mohammed et Gailani étaient envoyés par un certain Abdullah Ahmed Abdullah, un proche de Ben Laden. Ils avaient pour mission d’acheter un maximum de diamants juste avant les attentats. Ben Laden savait qu’après le 11 septembre tous les comptes auxquels il avait accès, ainsi que ceux de ses proches seraient bloqués. Al Qaïda ne pourrait plus se financer grâce au système bancaire international.
– Les diamants permettent de contourner les interdictions bancaires, dit Tanya.
Amanda sourit.
– Exactement. Forte valeur intrinsèque, non traçables et négociables partout sur la planète. D’après ma source au FBI, Abdullah et le général Mosquito étaient en contact depuis 1998. La petite plaisanterie durait depuis des années.
Tanya tenta de se représenter les sommes en jeu.
– Ils ont dû se constituer un trésor de guerre de plusieurs millions de dollars.
– Plusieurs dizaines de millions de dollars, peut-être même plusieurs centaines de millions, vous voulez dire. De quoi voir venir.
– Je le sais, mais je dois vous demander de ne pas diffuser cette photo.
Tanya prit le temps de réfléchir quelques instants.
– Ça va à l’encontre de ma règle à moi.
– Qui est ?
– L’inverse de la vôtre : informer les gens, quoi qu’il advienne. Les pires saloperies se cachent dans l’ombre des petits accommodements.
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