J'ai beaucoup aimé
Titre : La barque de Masao
Auteur : Antoine CHOPLIN
Parution : 2024 (Buchet Chastel)
Pages : 208
Présentation de l'éditeur :
Masao est ouvrier sur l'île de Naoshima (Japon). Ce soir-là, en
quittant l'usine, il découvre Harumi venue l'attendre plus de dix ans
après leur dernière entrevue. Des rendez-vous, emplis de pudeur et
d'humanité, vont ponctuer leurs retrouvailles.
Ce face à face ravive les souvenirs... Remonte à la mémoire de Masao, cette histoire d'amour superbe et dramatique avec Kazue, la mère d'Harumi. Les années passées comme gardien du phare d'Ogijima. Ou encore les heures de plénitude à bord de la barque qu'il a construite de ses propres mains.
La Barque de Masao, roman habité par les lumières changeantes et les brises marines, est le deuxième texte d'Antoine Choplin publié aux éditions Buchet/Chastel.
Ce face à face ravive les souvenirs... Remonte à la mémoire de Masao, cette histoire d'amour superbe et dramatique avec Kazue, la mère d'Harumi. Les années passées comme gardien du phare d'Ogijima. Ou encore les heures de plénitude à bord de la barque qu'il a construite de ses propres mains.
La Barque de Masao, roman habité par les lumières changeantes et les brises marines, est le deuxième texte d'Antoine Choplin publié aux éditions Buchet/Chastel.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Né en 1962, Antoine Choplin vit en Isère où il se consacre désormais
pleinement à l'écriture.
Il a publié une vingtaine de livres, romans, récits, poésie parmi
lesquels : La Nuit tombée (éd. La Fosse aux ours, 2012, Prix du roman
France Télévisions), Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar (éd. La
Fosse aux ours, 2017, prix Louis Guilloux), et plus récemment Partie
italienne (éd. Buchet/Chastel, 2022).
Son oeuvre, traduite en plusieurs langues, a fait l'objet de diverses
adaptations théâtrales.
Avis :
Deux îles japonaises servant d’écrins à des musées conçus spécialement en fonction de l’oeuvre qu’ils abritent - le musée d’art de Teshima en forme de goutte d’eau totalement intégrée au paysage et le musée Chichu de Naoshima abritant des Nymphéas de Monet - ont inspiré ce conte tendre et poétique qui offre à ses personnages une parenthèse artistique vivante et réparatrice.
Cela fait quatorze ans que Masao et sa fille Harumi ne se sont pas parlé. Lui ne s’est jamais remis du suicide de son épouse Kazue le jour-même de la naissance de leur fille. Elle a du coup été élevée par ses grands-parents. Mais, amenée par son métier d’architecte à se rendre pour la construction d’un musée sur l’île de Teshima, à proximité de celle de Naoshima que son père ouvrier rejoint tous les jours par ferry pour y travailler, la jeune femme est venue ce soir-là l’attendre à la sortie de l’usine. Commence le récit, empreint de douceur triste, de retrouvailles gauches et timides.
Au fil des mois qui suivent, à la pudique et progressive évocation par Masao de sa douleur et de sa tentative de l’apprivoiser en construisant de ses mains une barque synonyme pour lui d’oubli et de paix avec lui-même, Harumi répond en partageant son propre apprentissage créatif, en l’occurrence au travers d’une réalisation architecturale destinée à procurer aux visiteurs une expérience sensorielle incomparable, un espace de quiétude et de contemplation. Et peu à peu, à mesure que la barque artisanale, pour l’occasion sortie de l’oubli et restaurée, et la réalisation artistique monumentale dévoilent chacune leurs pouvoirs apaisants, se tissent entre père et fille les fils délicats de l’empathie et de la communion.
L’écriture finement ciselée d’Antoine Choplin, la subtilité de ses tableaux aux mille variations marines et la délicatesse humble et pudique de ses personnages sont ici les ingrédients d’un roman d’une rare beauté, entre tendresse, humanité et poésie : un subtil hommage à la fois à l’élégance nippone et au pouvoir sublimateur de l’art. (4/5)
Cela fait quatorze ans que Masao et sa fille Harumi ne se sont pas parlé. Lui ne s’est jamais remis du suicide de son épouse Kazue le jour-même de la naissance de leur fille. Elle a du coup été élevée par ses grands-parents. Mais, amenée par son métier d’architecte à se rendre pour la construction d’un musée sur l’île de Teshima, à proximité de celle de Naoshima que son père ouvrier rejoint tous les jours par ferry pour y travailler, la jeune femme est venue ce soir-là l’attendre à la sortie de l’usine. Commence le récit, empreint de douceur triste, de retrouvailles gauches et timides.
Au fil des mois qui suivent, à la pudique et progressive évocation par Masao de sa douleur et de sa tentative de l’apprivoiser en construisant de ses mains une barque synonyme pour lui d’oubli et de paix avec lui-même, Harumi répond en partageant son propre apprentissage créatif, en l’occurrence au travers d’une réalisation architecturale destinée à procurer aux visiteurs une expérience sensorielle incomparable, un espace de quiétude et de contemplation. Et peu à peu, à mesure que la barque artisanale, pour l’occasion sortie de l’oubli et restaurée, et la réalisation artistique monumentale dévoilent chacune leurs pouvoirs apaisants, se tissent entre père et fille les fils délicats de l’empathie et de la communion.
L’écriture finement ciselée d’Antoine Choplin, la subtilité de ses tableaux aux mille variations marines et la délicatesse humble et pudique de ses personnages sont ici les ingrédients d’un roman d’une rare beauté, entre tendresse, humanité et poésie : un subtil hommage à la fois à l’élégance nippone et au pouvoir sublimateur de l’art. (4/5)
Citation :
Dans le ciel, du côté du large, la lune se levait. En ramant, je lui faisais face.
Plus la nuit s’épaississait, et plus ses reflets sur la surface de la mer gagnaient en éclat. Et maintenant, ils dessinaient un chemin aux limites nettes, que l’on aurait dit empierré de lumière.
Plus la nuit s’épaississait, et plus ses reflets sur la surface de la mer gagnaient en éclat. Et maintenant, ils dessinaient un chemin aux limites nettes, que l’on aurait dit empierré de lumière.
J’ai pensé à Kazue.
Mais tu vois, Harumi, j’ai pensé à elle d’une autre façon, cette fois-là. Tu vas sourire, mais je crois bien que c’est grâce à la lune, et à cette nouvelle peau qu’elle a soudain donnée à la surface de la mer. Tellement différente de ce mur sinistre derrière lequel Kazue avait disparu. Et contre lequel je n’avais cessé de me fracasser le front. Cette eau-là, sous l’éclat de la lune, ça ressemblait plus à une robe, pour elle. Une parure. Et, pour moi, ça dessinait une route. Et, peut-être, pour nous deux ensemble, une sorte de lisière. C’est un bel endroit pour se retrouver, la lisière, n’est-ce pas Harumi.
Mais tu vois, Harumi, j’ai pensé à elle d’une autre façon, cette fois-là. Tu vas sourire, mais je crois bien que c’est grâce à la lune, et à cette nouvelle peau qu’elle a soudain donnée à la surface de la mer. Tellement différente de ce mur sinistre derrière lequel Kazue avait disparu. Et contre lequel je n’avais cessé de me fracasser le front. Cette eau-là, sous l’éclat de la lune, ça ressemblait plus à une robe, pour elle. Une parure. Et, pour moi, ça dessinait une route. Et, peut-être, pour nous deux ensemble, une sorte de lisière. C’est un bel endroit pour se retrouver, la lisière, n’est-ce pas Harumi.
Du même auteur sur ce blog :
La nuit tombée
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