Coup de coeur 💓💓
Titre : L'homme de Grand Soleil
Auteur : Jacques GAUBIL
Editeur : Paul & Mike
Année de parution : 2018
Pages : 248
Présentation de l'éditeur :
Un médecin de Montréal se rend tous les mois à Grand Soleil, un village
perdu dans le Québec arctique. Docteur de l’âme autant que du corps, il y
rencontre Cléophas, un patient particulier. Conservé par le froid qui a
saisi cette partie du Canada, l'homme de Grand Soleil a vécu caché, il
n’a rien écrit, rien accompli de notable et personne ne le connaît.
Pourtant son apparition va tout bouleverser, sous le regard impuissant
du médecin, témoin d’un monde qui se délite.
Avec une plume intelligente, incisive et souvent drôle, Jacques Gaubil dresse un portrait froid et parfois cruel de l’homme moderne, tout en proposant un récit bienveillant et chaleureux.
Avec une plume intelligente, incisive et souvent drôle, Jacques Gaubil dresse un portrait froid et parfois cruel de l’homme moderne, tout en proposant un récit bienveillant et chaleureux.
Un mot sur l'auteur :
Franco-canadien, Jacques Gaubil vit à Montréal. L’homme de Grand Soleil est son premier roman.
Avis :
Le narrateur, semble-t-il comme l’auteur, est un Français installé à Montréal. Sa profession de médecin l’amène à se rendre régulièrement en mission itinérante dans un village isolé du Grand Nord canadien : Grand Soleil. Il y prend un jour en charge un homme âgé et malade, dont les apparences tout à fait ordinaires cachent une particularité qui va bientôt bouleverser toute la planète.
Drôle, intelligente et érudite, cette fable est l’occasion de nous tendre un miroir sans complaisance et de nous servir, avec autant d’ironie mordante que de lucidité désabusée, quelques vérités bien senties qui font mouche à chaque page. Au nom du progrès et de ce que nous pensons la suprématie de l’espèce humaine, n’avons-nous pas perdu de vue les véritables essentiels pour, aveuglés par notre cupidité et notre narcissisme, nous consacrer au culte exclusif de l’argent et de la notoriété, pour imposer une façon d’être uniformisée et lobotomisée par le marketing, la médiatisation et internet, nous transformant en moutons de Panurge consommateurs d’immédiateté, abrutis par un prêt-à-penser consternant de médiocrité et menant parfois aux pires absurdités ?
Sous couvert d’un irrésistible humour au vitriol, cette histoire qui se lit avec plaisir et facilité soulève de nombreuses questions. Certaines m’ont fait pensé à l’essai La grande déculturation de Renaud Camus qui, lui aussi, constate la perte de consistance qui accompagne la diffusion culturelle sous ses formes actuelles. Au travers des mésaventures du docteur Leboucher, se dessine l’impuissante désillusion d’un homme cultivé et amoureux des livres, tenté de fuir le tumulte de ses inconséquents et décevants semblables pour lui préférer le froid et l’isolement du Grand Nord, en compagnie de la littérature et des trésors qui s’y sont accumulés au fil des siècles.
Autant amusée par le ton sarcastique qu’intéressée par la justesse du propos, j’ai été totalement séduite par cette histoire intelligente et bien tournée dont chaque réflexion fait mouche et vous donne envie de souligner toutes les phrases. Coup de coeur. (5/5)
Drôle, intelligente et érudite, cette fable est l’occasion de nous tendre un miroir sans complaisance et de nous servir, avec autant d’ironie mordante que de lucidité désabusée, quelques vérités bien senties qui font mouche à chaque page. Au nom du progrès et de ce que nous pensons la suprématie de l’espèce humaine, n’avons-nous pas perdu de vue les véritables essentiels pour, aveuglés par notre cupidité et notre narcissisme, nous consacrer au culte exclusif de l’argent et de la notoriété, pour imposer une façon d’être uniformisée et lobotomisée par le marketing, la médiatisation et internet, nous transformant en moutons de Panurge consommateurs d’immédiateté, abrutis par un prêt-à-penser consternant de médiocrité et menant parfois aux pires absurdités ?
Sous couvert d’un irrésistible humour au vitriol, cette histoire qui se lit avec plaisir et facilité soulève de nombreuses questions. Certaines m’ont fait pensé à l’essai La grande déculturation de Renaud Camus qui, lui aussi, constate la perte de consistance qui accompagne la diffusion culturelle sous ses formes actuelles. Au travers des mésaventures du docteur Leboucher, se dessine l’impuissante désillusion d’un homme cultivé et amoureux des livres, tenté de fuir le tumulte de ses inconséquents et décevants semblables pour lui préférer le froid et l’isolement du Grand Nord, en compagnie de la littérature et des trésors qui s’y sont accumulés au fil des siècles.
Autant amusée par le ton sarcastique qu’intéressée par la justesse du propos, j’ai été totalement séduite par cette histoire intelligente et bien tournée dont chaque réflexion fait mouche et vous donne envie de souligner toutes les phrases. Coup de coeur. (5/5)
Citations :
À Montréal, les grandes artères ont recherché l’assistance céleste : boulevard Saint-Laurent, rue Saint-Denis, rue Sainte-Catherine, boulevard Saint-Joseph. Paris a enrégimenté ses boulevards sous la bannière de généraux d’empire tandis que Montréal les a baptisés avec des patronymes de saints antiques. J’ai d’abord pensé que les Montréalais avaient voulu protéger leur ville en se soumettant à un patronage le plus complet possible. Pendant que les Français rêvaient de gloire militaire, les Québécois recherchaient le salut. Maintenant, je sais que cette invocation des saints est en fait un immense confiteor, une demande d’absolution pour les nombreux péchés de la cité. Les hommes font des saloperies et, de temps en temps, une grande lessive est nécessaire ; les saints sont d’excellents nettoyeurs de conscience.
Une immense bibliothèque constitue l’ornementation principale de cet intérieur. On devine que les rayonnages ont pris forme, durant des années, à la manière d’une plante grimpante qui recouvre progressivement tous les murs. Au début, la jeune pousse avait dû être assez modeste, puis, les livres bourgeonnant, de nouveaux rameaux étaient apparus. La plante avait été repiquée plusieurs fois sans jamais perdre de sa vivacité. Finalement, la bâtisse ne semble plus être autre chose qu’un immense tuteur pour cet organisme sans cesse en croissance.
Le supermarché est intéressant. (…) la bâtisse, un parallélépipède démesuré en tôle, représente tout ce qui peut être construit en mobilisant le moins possible de pensée, de travail ou de culture. Aucun esprit humain n’a essayé de donner une forme, des proportions, une ornementation, une harmonie à cet entrepôt. (...) Sous la douce vigilance des lions de Saint-Marc, à l’ombre du Palais des Doges, et protégé par des canaux irriguant la splendeur de sa ville, un Vénitien finit par s’imprégner de la beauté qui l’entoure. Par une osmose mystérieuse il devient beau lui-même ainsi que son esprit. Pour ceux qui vivent dans les villes nouvelles et vont faire leurs courses dans des zones industrielles, ce même processus osmotique va accoucher de monstres. La laideur finira par infuser leurs corps et leurs âmes comme une dégénérescence. Certaines villes reculées des États-Unis donnent une idée de la rapidité du phénomène.
Dès qu’ils discutent entre eux, ils crient. Les Américains doivent tous se sentir loin les uns des autres ; pour eux, s’adresser à son voisin nécessite de franchir de grands espaces et ce sont un peu des cowboys de la communication. Ou alors ce peuple a des problèmes d’audition, bavarder avec son voisin, c’est parler à un sourd. Dans tous les cas, les Américains font du bruit parce qu’ils sont seuls. En ce qui me concerne, je préfère les murmures car le chuchotement témoigne d’une incertitude qui me convient. Ce que l’on dit ne mérite pas d’être proclamé pour être entendu de tous. On se sait faible, on éprouve une certaine méfiance envers ses propos. Parler bas, c’est douter.
En 1966, les gardes rouges de Mao pénétraient dans les maisons pour brûler livres et photos, les intellectuels étaient humiliés publiquement, des directeurs d’école étaient battus à mort et les deux tiers des monuments du pays furent anéantis. (...) Ma collaboratrice avait enduré une révolution culturelle similaire. Les traces du passé furent détruites, les écoles décapitées et les livres ensevelis. Il n’y eut pas un seul petit livre rouge, mais des milliers : des confessions intimes de stars, des romans industriels, des classiques de la littérature condensés parce que Balzac ou Victor Hugo sont trop bavards, des livres de responsables politiques écrits par des responsables en communication. Comme en Chine, les nouveaux gardes rouges avaient été recrutés parmi la jeunesse. Grâce à la télévision, à internet, à la presse, des footballeurs, des chanteurs, des stars de télé-réalité, des animateurs, des mannequins, des lycéens grévistes avaient pénétré dans les maisons pour imposer le modèle d’une vie sans pensée.
La pensée de ma compagne de table se résumait donc à des opinions sur des questions d’actualité dénichées sur le web. Sa connaissance du monde se présentait comme une flaque de vase stagnante d’où rien n’émergeait. Elle n’avait pas de squelette, c’était une invertébrée de la pensée, un poulpe. Elle ne lisait pas. La tolérance était la mère de toutes les vertus. Toutes les idées, tous les modes de vie, toutes les cultures étaient les bienvenus. Et ce d’autant plus qu’elle avait peu d’idées et ne connaissait de culture ou de mode de vie que le sien. Elle était une sœur universelle parce que l’univers c’était elle. L’autre est beaucoup plus facile à aimer lorsqu’il est loin.
Je ne sais même pas par quel bout prendre tout ça. Il y a des choses, comme Grand Soleil, qui ne disposent pas d’extrémités et l’Univers lui-même serait sans bouts. Les objets sans extrémités, on a du mal à les saisir, à les attraper. Par exemple, l’homme est sans limites, il n’a pas de bouts, on est toujours surpris. On croyait que la Première Guerre mondiale était indépassable. Eh bien non ! En fait, la Première, ce n’était pas du tout la première et puis surtout, il y a eu la Seconde. Et le spectacle fut encore plus grandiose avec Treblinka et Nagasaki. On se dit : enfin, c’est terminé ! Et paf !
On pourrait penser que l’intelligence rend aveugle, que l’étude ou la lecture fatiguent les yeux, il me semble cependant que c’est le contraire : c’est la cécité qui accroît nos facultés intellectuelles. Pour développer un bon quotient intellectuel, il ne faut pas bien voir ce qui se passe autour de soi. Si on regarde vraiment, on arrête de s’instruire.
Il n’y a jamais eu de création ex nihilo. La Théorie des Éléments Finis affirme que la persistance de la quantité s’applique aussi à ce qui ne relève pas de la matière. De la même façon que la masse d’or sur notre planète est constante (à l’exception de celle que nous envoyons dans l’espace), la quantité d’éthique, par exemple, ne fluctue pas. Il y a, dans le monde, une dose fixe de morale à notre disposition et nous pouvons la répartir comme il nous convient, mais nous ne pouvons pas l’accroître. Pour que l’éthique politique progresse, il faut trouver une certaine quantité de morale ailleurs et c’est ainsi que l’élégance individuelle régresse. Cela s’applique à l’ensemble des éléments immatériels, le beau par exemple. Plus le nombre d’artistes augmente, plus la quantité de beau à laquelle chacun peut prétendre diminue. Les œuvres se diluent et l’art contemporain est l’incarnation de cette loi implacable. Plus il y a d’écrivains, moins il y a de bons livres.
La Théorie des Éléments Finis est une réfutation scientifique de l’idée de progrès. Nous ne cheminons pas vers plus de perfection, demain ne sera pas plus lumineux qu’hier. L’illusion que l’homme s’améliore repose sur l’accumulation des connaissances scientifiques et l’extrapolation de cette observation à d’autres domaines. Croire en l’accroissement des quantités de Beau, de Bien et de Vrai est aussi absurde que d’imaginer que la quantité de matière de l’Univers est en expansion. L’or n’apparaît pas à partir de rien, il faut simplement creuser plus profond pour en trouver davantage. En conséquence, la Théorie des Éléments Finis constitue le fondement d’une relecture magistrale de l’histoire.
La grande peste a entraîné une réduction de près d’un tiers de la population européenne. L’abondance de valeurs disponibles pour les survivants fut sans précédent et engendra la Renaissance. Les guerres de religions accouchèrent des Lumières ; la Terreur fut suivie de Balzac, Hugo, Maupassant et de la littérature du dix-neuvième. La Première Guerre mondiale donna les années folles, la Seconde, les trente glorieuses. Toutes les réductions démographiques suscitent des concentrations et donc des renaissances. Toutes les expansions de population provoquent des dilutions et des effondrements. Les massacres apparaissent ainsi comme une nécessité, une purge ; le patient se porte mieux après. (...) Nous sommes aujourd’hui plus de sept milliards, c’est une période de grande disette. Certains ne recevront pas leur part de vérité, d’autres seront privés de beauté et il n’y aura pas assez de bonté pour tous.
Le grand Einstein lui-même m’a murmuré à l’oreille : « la folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ».
J’avais compris trop tard que l’ignorance est le germe du bonheur ou tout au moins d’une certaine sérénité. Il suffit de regarder autour de soi pour constater que les imbéciles sont heureux et les savants misérables. Mais il est impossible de désapprendre. Une fois le piège de l’érudition refermé, il ne nous reste qu’à regretter notre curiosité malsaine qui, à sa façon, recommence la chute d’Adam et d’Ève. Nous n’écoutons pas ceux qui nous répètent depuis plusieurs millénaires que les fruits de l’arbre de la connaissance du bien et du mal sont empoisonnés et qu’il n’existe aucun traitement. Générations après générations, nous sommes chassés du paradis car nous répétons indéfiniment la même faute, le même péché primordial : nous posons trop de questions.
La distinction n’est pas quelque chose d’intrinsèque à l’homme, la dignité nous est imposée par les conditions extérieures.
La fatigue est un anesthésiant, c’est pour cela que les gens pratiquent des sports. Cela permet de ne pas réfléchir. Il suffit de lire les interviews de footballeurs pour réaliser combien c’est efficace. Pour les fainéants qui ne veulent pas penser tout en refusant de se fatiguer, la société moderne met à notre disposition bien d’autres moyens, plus efficaces encore que l’exercice physique. Il y a la télévision, internet, la vie politique locale, la presse locale, les chanteurs, les animateurs, les chanteurs et les animateurs qui écrivent des livres. Ce serait trop long de remercier tout le monde. Je souhaite cependant souligner que, dernièrement, l’école a fait beaucoup de progrès pour aider les enfants à ne pas se compliquer la vie.
J’évalue à plus de cinquante pour cent la part des phrases que nous échangeons avec nos semblables et qui sont sans aucun intérêt. Cette proportion est d’ailleurs en très forte augmentation. La majeure partie de ce que nous disons consiste à énoncer des évidences, des inepties ou des lieux communs. C’est un des mystères les plus profonds des relations humaines. Parler pour ne rien dire constitue l’essence même de la communication. La conversation est un bruit d’ambiance, une décoration sonore sans substance. J’ai pris conscience de l’ampleur du phénomène du moment que je me suis intéressé aux réseaux sociaux. C’est vertigineux. Chacun éjacule sans cesse ses pensées du moment.
Ils sont légion les écrivains qui nous racontent des histoires. Ils nous bercent le soir pour que tout recommence, le lendemain matin. On les lit en se couchant pour remettre à zéro les compteurs, pour oublier sa journée et croire que l’avenir sera romanesque. La littérature sert à faire repartir la vie qui chancelle, comme lorsqu’il faut redémarrer un ordinateur devenu instable.
Bourdieu s’est trompé en énonçant que les inégalités s’enracinent dans la transmission inéquitable d’un héritage culturel. Ce n’était pas tant la culture qui distinguait Lumans que son assurance. Cette aisance qui l’habitait lui a ouvert toutes les portes. Le véritable legs familial résidait dans la certitude que les choses lui étaient dues car la vie avait des devoirs vis-à-vis de la ligné des Lumans. (…) L’assurance marque l’appartenance à une classe sociale supérieure davantage que les revenus ou la culture.
On appelle cela le réseau des relations. La valeur d’une fréquentation se mesure au nombre de nouvelles relations qu’elle suscite. On collectionne les amis sur des réseaux sociaux, on les compte. À nouveau monde, nouvelle langue. On ne dit plus être ami, mais être connecté. On ne parle plus, mais on chatte, on n’écrit pas à un ami, on blogue. Au fond, on privilégie la connexion sur la relation et les contacts deviennent des portes ouvertes sur d’autres connaissances. À la fin, avec toutes ces ouvertures, il y a beaucoup de courants d’air, le réseau débouche sur du vent. Dans cette toile de relations, Montaigne et La Boétie auraient marqué peu de points. Le nombre n’a-t-il pas été, de tout temps, l’ennemi de l’amitié ?
En recherchant son nom dans Google, on peut savoir où on en est dans l’existence. Ce que le monde dit de nous, c’est ce que nous sommes, le web est un miroir. Tous les matins, on s’examine devant une glace pour vérifier sa coiffure ou ses vêtements. De la même façon, tous les jours, nous devrions nous observer sur internet. Avant le net, chacun pouvait espérer ne pas être immédiatement saisi. Comme par un brouillard qui enveloppe un paysage, certaines tournures de notre être étaient dévoilées pendant que d’autres restaient cachées et un mouvement faisait ondoyer ces mystères et ces révélations. Il était impossible de voir le paysage au complet, néanmoins le souvenir permettait de reconstituer la scène. On appelait cela l’intimité. Nous n’étions pas d’emblée disponibles. Et puis, le temps de la transparence est venu, l’incontinence est la maladie du siècle, les gens font leur être sous eux.
Le lent pourrissement des chairs n’est plus accepté car la science nous a promis la maîtrise des corps. On ne veille plus nos morts à la lueur d’une bougie avec les voisins rassemblés qui murmurent des histoires anciennes comme pour éviter de réveiller le mort. (...) L’urne, quant à elle, faisait penser à un container qui aurait pu renfermer des produits alimentaires. Elle fut placée par un employé des pompes funèbres dans un trou creusé dans un mur. Le trou fut scellé, la cérémonie était terminée. Le mur contenait des centaines d’urnes et édifiait une muraille de Chine destinée sans doute à éviter une invasion : l’incursion des morts dans le royaume des vivants. Comme les Mongols, les morts faisaient trembler l’empire. Ils nous rappelaient qu’on venait de quelque part et qu’on allait quelque part. Difficile de consommer, de faire du tourisme et de regarder calmement Master Chef en entendant le murmure des morts.
On croit que les gens ont peur de mourir. C’est encore un malentendu. On a peur de la mort des autres, de ses enfants, de ses parents, de ses amis. On a peur de se retrouver seul, de ne plus avoir la distraction de la compagnie. On craint l’effondrement du monde, c’est une angoisse heideggérienne. En revanche, sa mort à soi, on n’en a pas peur.
La supériorité des hommes modernes sur les hommes préhistoriques ne provient pas de leur civilité, mais de leur sauvagerie. Homo sapiens a supplanté Néandertal parce que c’est une brute…
Il y a aussi cette phrase de Tim Cook, le patron d’Apple : « Nous allons vous donner des choses sans lesquelles vous ne pourrez pas vivre, mais dont vous ne ressentez pas le besoin aujourd’hui ». Quelle magnifique épitaphe pour la période que nous vivons. Quel trésor archéologique ce serait ! Qui aura mieux résumé notre époque ?…
Super contente de lire cet avis ! Je l'ai lu au moment de sa parution et ce fut une incroyable bonne surprise, je me suis régalée ainsi que les lecteurs des 68 premières fois puisque nous l'avions sélectionné.
RépondreSupprimerUne excellente surprise en effet pour moi aussi Nicole, grâce au bouche à oreille des blogs et forums littéraires.
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