J'ai beaucoup aimé
Titre : Feuillets de cuivre
Auteur : Fabien CLAVEL
Editeur : ActuSF
Année de parution : 2015
Pages : 344
Présentation de l'éditeur :
Paris, 1872. On retrouve dans une
ruelle sombre le cadavre atrocement mutilé d'une prostituée, premier
d'une longue série de meurtres aux résonances ésotériques. Enquêteur
atypique, à l'âme mutilée par son passé et au corps d'obèse,
l'inspecteur Ragon n'a pour seule arme contre ces crimes que sa
sagacité et sa gargantuesque culture littéraire.
À la croisée des feuilletons du XIXe et des séries télévisées modernes, Feuillets de cuivre nous entraîne dans des Mystères de Paris
steampunk où le mal le dispute au pervers, avec parfois l'éclaircie
d'un esprit bienveillant... vite terni. Si une bibliothèque est une âme
de cuir et de papier, Feuillets de cuivre est sans aucun doute une œuvre d'encre et de sang.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Né en 1978, à Paris, Fabien Clavel a ensuite vécu, douze ans durant, à
Pierrefonds, non loin du château que l’on peut apercevoir dans la série
anglaise Merlin – où le bâtiment joue le rôle de Camelot.
De retour à Paris après le bac, il a suivi des études de lettres classiques avant de devenir enseignant dans ces mêmes matières. Depuis deux ans déjà, il vit à Budapest.
Fabien Clavel s’est fait connaître avec ses premiers romans, chez Mnémos, qui touchaient sans complexe à plusieurs « mauvais genres » (occulte contemporain, fantasy parodique, cape et épée, péplum uchronique).
Depuis 2007, Fabien Clavel s’est imposé comme un auteur jeunesse passionnant, d’abord en science-fiction puis, plus récemment, en renouant pour son dyptique – La dernière Odyssée et Les Gorgonautes – avec sa passion pour l’histoire grecque, sa culture et ses légendes. La collection « Royaumes perdus » était à l’évidence idéale pour accueillir une inspiration aussi respectueuse de son jeune lecteur qu’originale.
De retour à Paris après le bac, il a suivi des études de lettres classiques avant de devenir enseignant dans ces mêmes matières. Depuis deux ans déjà, il vit à Budapest.
Fabien Clavel s’est fait connaître avec ses premiers romans, chez Mnémos, qui touchaient sans complexe à plusieurs « mauvais genres » (occulte contemporain, fantasy parodique, cape et épée, péplum uchronique).
Depuis 2007, Fabien Clavel s’est imposé comme un auteur jeunesse passionnant, d’abord en science-fiction puis, plus récemment, en renouant pour son dyptique – La dernière Odyssée et Les Gorgonautes – avec sa passion pour l’histoire grecque, sa culture et ses légendes. La collection « Royaumes perdus » était à l’évidence idéale pour accueillir une inspiration aussi respectueuse de son jeune lecteur qu’originale.
Avis :
De 1872 à 1912, la carrière policière de l’atypique Ragon s’envole, grâce à plusieurs affaires criminelles qu’il réussit à résoudre en usant de sa formidable culture littéraire et de sa passion immodérée pour les livres. Il lui faudra toutefois très longtemps avant de se rendre compte que ces différentes enquêtes avaient au final un dénominateur commun…
Dans la mouvance steampunk utilement et clairement présentée dans la préface d’Etienne Barillier, cette histoire discrètement uchronique commence, tels les épisodes d’un feuilleton, par une série de courtes enquêtes policières dans un Paris qui découvre les machines et l’ère industrielle à la fin du XIXe siècle. Y revient avec persistance l’usage du cuivre et de l’éther, mais ce sont surtout les livres qui forment les pierres angulaires de tout l’édifice : peu à peu, comme les rouages d’un mécanisme complexe de haute précision, les différents éléments narratifs s’assemblent pour laisser apparaître un motif général de plus grande envergure qui, par ailleurs profondément machiavélique, s’enroule autour du thème des livres, de la littérature, et de leur impact sur nos vies.
Ainsi, tandis que le lecteur se retrouve suspendu au mystère d’intrigues criminelles qui le renvoient dans un Paris ancien restitué avec la plus précision, les références littéraires et artistiques s’entremêlent dans une combinaison impressionnante de naturel et de simplicité dont la postface d’Isabelle Périer permet de saisir toute la profondeur. Egale justice est faite tant au contenants qu’aux contenus livresques, puisque l’objet-livre lui-même apparaît souvent dans le récit comme un support de création aux possibilités étonnantes.
Ce peu ordinaire roman s’est avéré pour moi une fascinante initiation au steampunk : j’en ressors subjuguée par la maestria et la culture littéraire de Fabien Clavel, qu’il met ici au service d’une authentique inventivité, déconcertante d’aisance, de simplicité et d’accessibilité. (4/5)
Dans la mouvance steampunk utilement et clairement présentée dans la préface d’Etienne Barillier, cette histoire discrètement uchronique commence, tels les épisodes d’un feuilleton, par une série de courtes enquêtes policières dans un Paris qui découvre les machines et l’ère industrielle à la fin du XIXe siècle. Y revient avec persistance l’usage du cuivre et de l’éther, mais ce sont surtout les livres qui forment les pierres angulaires de tout l’édifice : peu à peu, comme les rouages d’un mécanisme complexe de haute précision, les différents éléments narratifs s’assemblent pour laisser apparaître un motif général de plus grande envergure qui, par ailleurs profondément machiavélique, s’enroule autour du thème des livres, de la littérature, et de leur impact sur nos vies.
Ainsi, tandis que le lecteur se retrouve suspendu au mystère d’intrigues criminelles qui le renvoient dans un Paris ancien restitué avec la plus précision, les références littéraires et artistiques s’entremêlent dans une combinaison impressionnante de naturel et de simplicité dont la postface d’Isabelle Périer permet de saisir toute la profondeur. Egale justice est faite tant au contenants qu’aux contenus livresques, puisque l’objet-livre lui-même apparaît souvent dans le récit comme un support de création aux possibilités étonnantes.
Ce peu ordinaire roman s’est avéré pour moi une fascinante initiation au steampunk : j’en ressors subjuguée par la maestria et la culture littéraire de Fabien Clavel, qu’il met ici au service d’une authentique inventivité, déconcertante d’aisance, de simplicité et d’accessibilité. (4/5)
Citations :
Une bibliothèque, c’est une âme de cuir et de papier. Il n’y a pas meilleur moyen pour fouiller dans les tréfonds d’une psyché que de jeter un œil aux ouvrages qui la composent. La sélection, le rangement, le contenu, même la qualité de la reliure : tous les détails sont importants.
N’oubliez jamais cela, Fredouille : tout est dans les livres. Notre vie n’est qu’un feuillet détaché de l’ouvrage gigantesque du monde.
« Notre époque est celle d’une transformation radicale.
« Un poète a bien vu que le quinzième siècle avait opéré une première métamorphose de ce genre. Ceci a tué cela : l’architecture a été tuée par l’imprimerie, l’imprimeur a succédé au maçon.
« Nous croyons vivre depuis dans la démocratie qui a suivi la théocratie. L’essor de la presse nous a fait croire que la chose imprimée l’avait emporté définitivement.
« Mais, de nouveau, nous prenons pour une aurore un soleil couchant à l’or trompeur. Le dix-neuvième siècle n’a pas été celui de l’architecture, ni du livre, mais celui de la machine. Nos feuillets de papier sont pris entre les feuillets de pierre et ceux de cuivre. « Après l’âge d’or, celui d’argent, de bronze et de fer, voici venue la race de cuivre !
« Avec la machine naît un nouveau héros : l’ingénieur. Et avec lui une constitution nouvelle : la tyrannie ! Car, de même que nous avons versé dans les livres la sève de notre savoir, nous nous en remettrons entièrement à la machine qui vivra, agira, pensera à notre place.
« Le passé se bâtissait et le présent s’écrit. L’avenir s’automatisera.
— Vous ignorez qu’il existe une tradition de gouttières peintes – il s’agit de la tranche opposée au dos – depuis le XVIIe siècle et encore vivace de nos jours. On y représentait des scènes invisibles au premier abord. Par contre, si vous pliez doucement les pages, changeant l’angle de vue, le motif apparaît.
N’oubliez jamais cela, Fredouille : tout est dans les livres. Notre vie n’est qu’un feuillet détaché de l’ouvrage gigantesque du monde.
« Notre époque est celle d’une transformation radicale.
« Un poète a bien vu que le quinzième siècle avait opéré une première métamorphose de ce genre. Ceci a tué cela : l’architecture a été tuée par l’imprimerie, l’imprimeur a succédé au maçon.
« Nous croyons vivre depuis dans la démocratie qui a suivi la théocratie. L’essor de la presse nous a fait croire que la chose imprimée l’avait emporté définitivement.
« Mais, de nouveau, nous prenons pour une aurore un soleil couchant à l’or trompeur. Le dix-neuvième siècle n’a pas été celui de l’architecture, ni du livre, mais celui de la machine. Nos feuillets de papier sont pris entre les feuillets de pierre et ceux de cuivre. « Après l’âge d’or, celui d’argent, de bronze et de fer, voici venue la race de cuivre !
« Avec la machine naît un nouveau héros : l’ingénieur. Et avec lui une constitution nouvelle : la tyrannie ! Car, de même que nous avons versé dans les livres la sève de notre savoir, nous nous en remettrons entièrement à la machine qui vivra, agira, pensera à notre place.
« Le passé se bâtissait et le présent s’écrit. L’avenir s’automatisera.
— Vous ignorez qu’il existe une tradition de gouttières peintes – il s’agit de la tranche opposée au dos – depuis le XVIIe siècle et encore vivace de nos jours. On y représentait des scènes invisibles au premier abord. Par contre, si vous pliez doucement les pages, changeant l’angle de vue, le motif apparaît.
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