J'ai aimé
Titre : La petite sonneuse de cloches
Auteur : Jérôme ATTAL
Année de parution : 2019
Editeur : Robert Laffont
Pages : 270
Présentation de l'éditeur :
Deux époques entrelacées, deux histoires
d’amour qui se confondent en une chasse au trésor fiévreuse et
romantique dans les rues de Londres.
De nos jours, le vénérable professeur de littérature française Joe J. Stockholm travaille à l’écriture d’un livre sur les amours de l’écrivain. Quand il meurt, il laisse en friche un chapitre consacré à cette petite sonneuse de cloches. Joachim, son fils, décide alors de partir à Londres afin de poursuivre ses investigations.
Qui est la petite sonneuse de cloches ? A-t-elle laissé dans la vie du grand homme une empreinte plus profonde que les quelques lignes énigmatiques qu’il lui a consacrées ? Quelles amours plus fortes que tout se terrent dans les livres, qui brûlent d’un feu inextinguible le coeur de ceux qui les écrivent ?
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Avis :
A la mort de l’éminent professeur de littérature française Joe J. Stockholm, son fils, en l’occurrence le narrateur, découvre le plan de l’ultime ouvrage que préparait le vieil homme, et qui devait être consacré aux amours de Chateaubriand. Curieusement, il semblait beaucoup s’intéresser à un détail des Mémoires d’Outre-Tombe : l'allusion à un baiser et à une petite sonneuse de cloches de l’abbaye de Westminster. Le fils décide de se rendre à Londres sur les traces de la mystérieuse jeune fille. Ses découvertes vont bouleverser sa propre existence.
Jérôme Attal s'empare d'un véritable mais infime élément de l'oeuvre de Chateaubriand, pour broder une histoire dédoublée, au travers de plus de deux siècles, par un habile jeu de miroirs. Avec pour point focal la découverte du grand amour romantique, vont s'entremêler l'évocation historique, faisant revivre avec réalisme le Chateaubriand de 1793, émigré à Londres pour fuir la Terreur française, écrivain en devenir pour l'heure dans le plus grand dénuement, et la quête contemporaine du narrateur.
J'ai beaucoup aimé l'originalité du sujet et de la construction, la force et la crédibilité de l'immersion historique, ainsi que l'humour et la belle écriture travaillée, ornée de jolies trouvailles et de tournures poétiques. Malheureusement, après (et sans doute en raison de) mon enthousiasme du début, une certaine frustration s'est peu à peu installée chez moi, alors que tension et mystère disparaissaient rapidement pour céder la place à une intrigue romantique, certes jolie, mais somme toute assez banale. Après une alléchante mise en appétit, je suis en quelque sorte restée sur ma faim, un goût de trop peu ou d'inachevé en bouche.
Brillant sur la forme, tant par la construction du récit que par le style de l'écriture, La petite sonneuse de cloches ne m'a pas semblé tenir toutes les promesses que son idée originale avait fait résonner en moi : je garde l'impression globale d'un bon livre certes, mais après avoir cru pendant tout le début qu'il serait un coup de coeur. La déception est toute relative, mais dominante néanmoins. Dommage. (3/5)
Jérôme Attal s'empare d'un véritable mais infime élément de l'oeuvre de Chateaubriand, pour broder une histoire dédoublée, au travers de plus de deux siècles, par un habile jeu de miroirs. Avec pour point focal la découverte du grand amour romantique, vont s'entremêler l'évocation historique, faisant revivre avec réalisme le Chateaubriand de 1793, émigré à Londres pour fuir la Terreur française, écrivain en devenir pour l'heure dans le plus grand dénuement, et la quête contemporaine du narrateur.
J'ai beaucoup aimé l'originalité du sujet et de la construction, la force et la crédibilité de l'immersion historique, ainsi que l'humour et la belle écriture travaillée, ornée de jolies trouvailles et de tournures poétiques. Malheureusement, après (et sans doute en raison de) mon enthousiasme du début, une certaine frustration s'est peu à peu installée chez moi, alors que tension et mystère disparaissaient rapidement pour céder la place à une intrigue romantique, certes jolie, mais somme toute assez banale. Après une alléchante mise en appétit, je suis en quelque sorte restée sur ma faim, un goût de trop peu ou d'inachevé en bouche.
Brillant sur la forme, tant par la construction du récit que par le style de l'écriture, La petite sonneuse de cloches ne m'a pas semblé tenir toutes les promesses que son idée originale avait fait résonner en moi : je garde l'impression globale d'un bon livre certes, mais après avoir cru pendant tout le début qu'il serait un coup de coeur. La déception est toute relative, mais dominante néanmoins. Dommage. (3/5)
Citations :
Sur son temps libre, Joe J. écrivait des livres énormes qui se vendaient peu sans qu’il en conçoive amertume ni rancœur. Il expliquait ne pas vouloir être tributaire de l’actualité, affirmant que ce qui différencie les grands écrivains des grands criminels réside dans le fait que les premiers ne sont jamais aptes à être jugés par leur époque.
Il existe à mon sens deux sortes d’individus dans la manière d’échapper à un chagrin trop brutal : ceux qui se jettent sous le dernier métro et ceux qui se précipitent dans le premier train.
Un homme d’une soixantaine d’années, à la stature imposante, visage marmoréen serti de deux yeux bleus, sourcils broussailleux anthracite, et cheveux montés en cumulonimbus qui l’obligeaient probablement à toujours se vêtir d’un imperméable.
Les livres sont faits pour durer plus longtemps que les passions inextinguibles qui les commandent, mais ne les secouez pas trop, ils sont pleins de vérités tues que le cœur ne pouvait supporter de garder pour lui seul.
Dégingandé et chauve, avec une gerbe de cheveux poudrés qui descend du haut du crâne à la base du cou, il tente de présenter l’image du parfait gentleman ; or, un ou plusieurs détails témoignent dans sa tenue d’un don particulier pour le négligé : une boucle de chaussure en moins, trois boutons de pantalon qui ont sauté au niveau de ses bas. Les manches de sa chemise bouffent démesurément au-delà de sa veste comme pour rendre hommage au dernier dessert à la mode, la crème Chantilly. À moins qu’elles n’essaient, à la manière du cerf-volant, de profiter du vent qu’il brasse dès qu’il ouvre la bouche. Tout dans son accoutrement comme dans son attitude trahit l’approximation et l’excès qui naissent de l’anxiété de ne pas être considéré comme il le souhaiterait.
Il repère ses compatriotes à la manière embarrassée dont ils marchent. Cette fâcheuse habitude de cacher de l’argent dans leurs bottes. Voilà ce qu’on leur a conseillé de faire sur le bateau pendant la traversée, avant de prendre la diligence pour Londres, dans la crainte que les six chevaux ne soient arrêtés par le cocher au moment où, émergeant du brouillard, des bandits de grand chemin les rançonnent. Bien sûr, sous ces climats hostiles, il ne faut pas attendre des gredins qu’ils soient nés de la dernière pluie, et la première chose que les bandits demandent aux migrants apeurés qui tombent dans leur embuscade est de se déchausser. Raison pour laquelle ces dames et sieurs de la cour qui ont su se soustraire à la vindicte populaire se retrouvent pour la plupart pieds nus en arrivant à Londres, le cou à l’abri mais la gorge prise. (Nous sommes en 1793).
Il existe à mon sens deux sortes d’individus dans la manière d’échapper à un chagrin trop brutal : ceux qui se jettent sous le dernier métro et ceux qui se précipitent dans le premier train.
Un homme d’une soixantaine d’années, à la stature imposante, visage marmoréen serti de deux yeux bleus, sourcils broussailleux anthracite, et cheveux montés en cumulonimbus qui l’obligeaient probablement à toujours se vêtir d’un imperméable.
Les livres sont faits pour durer plus longtemps que les passions inextinguibles qui les commandent, mais ne les secouez pas trop, ils sont pleins de vérités tues que le cœur ne pouvait supporter de garder pour lui seul.
Dégingandé et chauve, avec une gerbe de cheveux poudrés qui descend du haut du crâne à la base du cou, il tente de présenter l’image du parfait gentleman ; or, un ou plusieurs détails témoignent dans sa tenue d’un don particulier pour le négligé : une boucle de chaussure en moins, trois boutons de pantalon qui ont sauté au niveau de ses bas. Les manches de sa chemise bouffent démesurément au-delà de sa veste comme pour rendre hommage au dernier dessert à la mode, la crème Chantilly. À moins qu’elles n’essaient, à la manière du cerf-volant, de profiter du vent qu’il brasse dès qu’il ouvre la bouche. Tout dans son accoutrement comme dans son attitude trahit l’approximation et l’excès qui naissent de l’anxiété de ne pas être considéré comme il le souhaiterait.
Il repère ses compatriotes à la manière embarrassée dont ils marchent. Cette fâcheuse habitude de cacher de l’argent dans leurs bottes. Voilà ce qu’on leur a conseillé de faire sur le bateau pendant la traversée, avant de prendre la diligence pour Londres, dans la crainte que les six chevaux ne soient arrêtés par le cocher au moment où, émergeant du brouillard, des bandits de grand chemin les rançonnent. Bien sûr, sous ces climats hostiles, il ne faut pas attendre des gredins qu’ils soient nés de la dernière pluie, et la première chose que les bandits demandent aux migrants apeurés qui tombent dans leur embuscade est de se déchausser. Raison pour laquelle ces dames et sieurs de la cour qui ont su se soustraire à la vindicte populaire se retrouvent pour la plupart pieds nus en arrivant à Londres, le cou à l’abri mais la gorge prise. (Nous sommes en 1793).
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