mardi 29 août 2023

[Maurier, Daphne (du)] La maison sur le rivage

 



J'ai beaucoup aimé

 

Titre : La maison sur le rivage
            (The House on the Strand)
       

Auteur : Daphne du MAURIER

Traduction : Maurice-Bernard ENDREBE

Parution : en anglais (1969)
                  en français dès
1970
Pages : 448

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur : 

En Cornouailles, dans une très ancienne demeure, un homme cède à la tentation de vérifier les effets d'une nouvelle drogue mise au point par un savant réputé. C'est le début d'un long voyage, au cours duquel il va se retrouver plongé dans un passé vieux de plus de six siècles. Mais les troublantes scènes dont il va être le témoin invisible sont-elles pure illusion ? Les personnages qu'il croise ne sont-ils que des fantômes nés de son imagination ? Maniant avec une habileté diabolique la tension psychologique et le suspense, Daphné Du Maurier trame une incroyable histoire hantée où hallucination et réalité, passé et présent finissent par se recouper étrangement. Dans ce roman, un des classiques de Daphné Du Maurier, le lecteur retrouvera avec bonheur le mystère de Rebecca, le climat angoissant de Ma cousine Rachel, l'aventure de L' Auberge de la Jamaïque...

 

Un mot sur l'auteur : 

Daphne du Maurier (1907-1989) est l'une des romancières britanniques les plus lues. Rebecca, paru en 1938, est sans doute son roman le plus connu. Bon nombre de ses oeuvres ont été adaptées au cinéma, dont L'Auberge de la Jamaïque, par Alfred Hitchcock en 1939, sous le titre La Taverne de la Jamaïque.

 

 

Avis :

Sa femme et ses enfants devant l’y rejoindre sous peu, Richard est pour l’instant seul dans la très ancienne maison que son vieil ami Marcus Lane lui a prêtée pour l’été, à Kilmarth, dans les Cornouailles. Cet éminent professeur de biophysique à l’université de Londres l’a prié de tester discrètement une potion de son invention. Il s’agit d’une drogue hallucinogène capable de vous projeter dans le passé. D’abord réticent, Richard devient très vite de plus en plus impatient de renouveler l’expérience, qui le transporte, comme s’il y était mais invisible, en plein XIVe siècle dans ce même village. Mais, des complications ne tardent pas à survenir…

Sans doute davantage connue pour les ressorts gothiques et le suspense aussi bien psychologique que criminel de ses romans comme Rebecca, L’auberge de la Jamaïque et Ma cousine Rachel, Daphne du Maurier renouvelle ici l’un des thèmes les plus classiques du fantastique et de la science-fiction – le voyage dans le temps – en s’attachant tout particulièrement à la psychologie de son personnage principal. Car, Richard ne prend pas goût par hasard à ses excursions dans le passé. Evoquées avec une vérité résultant d’une vraie documentation historique – les faits et les personnages du Moyen Age sont inspirés de l’histoire véridique de la région – et du profond attachement de l’auteur pour l’endroit évoqué – elle vécut longtemps en Cornouailles, dont un temps à Kilmarth même –, les deux époques finissent d’autant mieux par se superposer, puis par se mélanger dans la tête de Richard, que sa vie contemporaine, en plein questionnement personnel et professionnel, lui est, sans qu’il ait le courage de se l’avouer, de plus en plus pesante.

Alors, d’abord expérience curieuse, cette échappatoire mentale offerte par la potion élaborée par son ami se fait de plus en plus addictive. Les hallucinations prennent toujours plus le pas sur la réalité présente. Comme un toxicomane, l’homme incapable d’affronter les décisions qu’il lui faudrait prendre dans sa vie s’évade toujours plus loin, toujours plus longtemps. Du refus de la réalité au fantasme, puis à la folie, la glissade pourrait s’avérait dangereuse. A moins que… A force de refuser de choisir, il arrive que les décisions s’imposent d’elles-mêmes…

En grande prêtresse de la tension narrative, Daphne du Maurier nous emporte au bord du gouffre pour nous y laisser chanceler, à imaginer la chute à partir des indices savamment distribués. Et, tandis que, du fantastique à la folie, le voyage dans le temps s’avère une plongée dans l’esprit dérangé d’un homme en train de perdre mentalement pied, l’on se régale à se laisser confondre par ce texte si formidablement hallucinatoire dont l’étrangeté et le mystère laissent aisément percevoir pourquoi la romancière a tant inspiré Alfred Hitchcock. (4/5)

 

 

Citation :

Je me sentis brusquement trempé de sueur. Je demeurai assis au volant, les mains tremblantes. Il ne fallait pas que cela recommence. Je devais absolument me ressaisir. Il n’était que six heures du matin. Vita et les garçons dormaient encore, tous comme nos satanés invités, et Roger, Isolda, Bodrugan étaient morts depuis plus de six cents ans. Je vivais au XXe siècle.

 

 

Du même auteur sur ce blog :

 L'auberge de la Jamaïque

 


 

4 commentaires:

  1. J'avais moi aussi beaucoup aimé ce titre, qui peut surprendre par sa dimension "fantastique". Dans un autre registre, elle a aussi écrit un roman d'anticipation, "Mad".

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    1. A y bien réfléchir, Ingannmic, des ressorts gothiques au fantastique, le pas se franchit aisément...

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  2. Coucou ! Jamais lu cette autrice, mais ta chronique et l'idée du voyage dans le temps fait envie !!

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    1. Bonjour Lybertaire,
      Daphne du Maurier est l'une des romancières les plus lues du monde britannique. Bien au-delà de Rebecca, son livre le plus connu, son oeuvre mérite qu'on s'y attarde.

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