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mardi 29 octobre 2019

[Andrea Jean-Baptiste] Ma reine






 

Coup de coeur đź’“

Titre : Ma reine

Auteur : Jean-Baptiste ANDREA

Année de parution : 2017

Editeur : L'Iconoclaste

Pages : 240






 

 

Présentation de l'éditeur :

Shell n’est pas un enfant comme les autres. Il vit seul avec ses parents dans une station-service. Après avoir manqué mettre le feu à la garrigue, ses parents décident de le placer dans un institut. Mais Shell préfère partir faire la guerre, pour leur prouver qu’il n’est plus un enfant. Il monte le chemin en Z derrière la station. Arrivé sur le plateau derrière chez lui, la guerre n’est pas là. Seuls se déploient le silence et les odeurs de maquis. Et une fille, comme un souffle, qui apparaît devant lui. Avec elle, tout s’invente et l’impossible devient vrai.

Jean-Baptiste Andrea livre ici son premier roman. Ode à la liberté, à l’imaginaire, et à la différence, Ma reine est un texte à hauteur d’enfants. L’auteur y campe des personnages cabossés, ou plutôt des êtres en parfaite harmonie avec un monde où les valeurs sont inversées et signe un récit pictural aux images justes et fulgurantes qui nous immerge en Provence, un été 1965
.


Le mot de l'Ă©diteur sur l'auteur :

Jean-Baptiste Andrea est nĂ© en 1971. Il est rĂ©alisateur et scĂ©nariste. 
Ma reine est son premier roman.


Avis :

1965. Exclu de l’école pour rejoindre bientôt un établissement spécialisé, Shell, douze ans et différent, décide de prouver qu’il n’est plus un enfant en partant faire la guerre. Sa fugue le conduit dans les hauteurs qui surplombent la station-service où il vit avec ses parents, dans les Alpes de Haute-Provence. Il y fait deux rencontres : une fille de son âge, en qui il ne tarde pas à voir la grande amie qu’il n’a jamais eue et pour qui il serait prêt à tout, et un vieux berger solitaire qui a ses raisons de se faire discret dans le maquis.

Comme dans Cent millions d’années et un jour, les protagonistes de Jean-Baptiste Andrea préfèrent quitter leur triste quotidien dans la vallée et le rude monde des hommes ordinaires, pour courir après leurs rêves et chercher la paix dans la solitude de la montagne. Dans les deux livres, le conte s’avère bien cruel et le prix à payer exorbitant.

L’innocence de Shell nous ouvre les portes d’un univers de tendresse et de fraĂ®cheur, oĂą, le temps d’une parenthèse que l’on sait bien devoir se refermer, comme une sorte de moment de grâce fragile et fugace, s’épanouit un amour pur et lumineux, touchant et merveilleux. Comme on aimerait faire durer ces instants et protĂ©ger la candeur de Shell de l’inĂ©vitable retour Ă  la rĂ©alitĂ© ! Mais le serrement de coeur prĂ©monitoire du lecteur se terminera bien dans les larmes.

Shell n’est-il pas l’incarnation de l’enfant tuĂ© en chacun d’entre nous, forcĂ© de grandir et de perdre son innocence et ses illusions Ă  son entrĂ©e dans l’âge adulte ? La mort est-elle le prix qu’il faut ĂŞtre prĂŞt Ă  payer pour prĂ©server ses rĂŞves ?

Ce premier roman court et poétique, beau et cruel, porte déjà les germes d’une thématique qui semble chère à l’auteur, explorée ici à l’émouvante hauteur d’un enfant plus vulnérable que les autres. Coup de coeur. (5/5)


Citations :

À la récréation je restais tout seul et lui aussi alors à force, on s’était dit que tant qu’à faire, autant rester tout seuls ensemble.

Autrefois à l'école tout le monde était meilleurs amis sauf moi. C'était comme une grosse boule d'amitié autour de laquelle je tournais sans jamais pouvoir rentrer.

Dès qu'il avait refermé la porte, j'étais allé écouter, j'avais appris à la maison que c'était comme ça qu'on entendait les choses les plus intéressantes, les gens parlaient mieux derrière les portes.

Je mourais d'envie de dire "Alors ?" mais c'était le genre de mot qui appelait les mauvaises nouvelles, je l'avais appris très tôt. Alors le directeur dit que tu peux plus aller à l'école. Alors ta grand-mère t'aime beaucoup mais elle est partie. Alors non, le père Noël n'existe pas. Des "alors" comme ça, j'en avais une liste longue comme le bras.

Il Ă©tait Ă©troit, mĂŞme de face il avait l'air de profil.

Il faisait chaud. Ici dans la vallée l'été n'avait pas l'air de savoir qu'il allait bientôt devoir s'en aller. Personne ne lui avait rien dit et il s'était installé confortablement, un peu comme moi, sans penser très loin.

J'ai voulu expliquer tout ça à Viviane et j'ai dit un truc comme :
- Haaaaaan.
Voilà, quand je voulais dire quelque chose d'immense, ça finissait toujours tout petit.

Ca ne me posait pas de problème, attendre m'occupait déjà assez comme ça, j'avais toujours eu du mal à me concentrer sur deux choses à la fois.



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