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Titre : La tresse
Auteur : Laetitia COLOMBANI
Année de parution : 2017
Editeur : Grasset et Le Livre de Poche
Pages : 240
Présentation de l'éditeur :
Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école.
Sicile. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée.
Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est gravement malade.
Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est réservé et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité.
Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté.
Sicile. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée.
Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est gravement malade.
Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est réservé et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité.
Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Laetitia Colombani est scénariste, réalisatrice et comédienne. Elle a écrit et réalisé deux longs-métrages, À la folie… pas du tout et Mes stars et moi. Elle écrit aussi pour le théâtre. La Tresse est son premier roman.Avis :
La tresse entrelace le récit de trois vies aux antipodes les unes des autres, et pourtant réunies par… des cheveux : l’Indienne Intouchable Smita qui rêve d’une vie meilleure pour sa fille, la Sicilienne Giulia soudain propulsée à la tête de la fabrique familiale de perruques, et l’avocate canadienne Sarah qui se retrouve atteinte d’un cancer.
L’histoire est parfaitement maîtrisée et réunit tous les ingrédients du succès : des personnages touchants, une thématique originale et intéressante, un style agréable à lire. Ces qualités accroissent d’autant ma déception de ne trouver au final qu’un ensemble un peu trop « facile » : on devine assez vite où l’auteur nous emmène, le récit est rapide, presque journalistique, et ne prend pas le temps de la nuance et de la subtilité. Ma perception dominante est celle d’un assemblage d’images choc, choisies pour impressionner et séduire le lecteur, mais au final assez artificiel et sans profondeur.
Un petit livre plaisant donc, mais dont, en raison de son succès, j’attendais sans doute trop, et qui n’a pas réussi à me toucher : trop convenu, trop simpliste, trop manichéen… autant de « trop » qui résultent en un « pas assez » convaincant. (3/5)
L’histoire est parfaitement maîtrisée et réunit tous les ingrédients du succès : des personnages touchants, une thématique originale et intéressante, un style agréable à lire. Ces qualités accroissent d’autant ma déception de ne trouver au final qu’un ensemble un peu trop « facile » : on devine assez vite où l’auteur nous emmène, le récit est rapide, presque journalistique, et ne prend pas le temps de la nuance et de la subtilité. Ma perception dominante est celle d’un assemblage d’images choc, choisies pour impressionner et séduire le lecteur, mais au final assez artificiel et sans profondeur.
Un petit livre plaisant donc, mais dont, en raison de son succès, j’attendais sans doute trop, et qui n’a pas réussi à me toucher : trop convenu, trop simpliste, trop manichéen… autant de « trop » qui résultent en un « pas assez » convaincant. (3/5)
Citations :
Il le répétait souvent : une femme n’est pas l’égale de son mari, elle lui appartient. Elle est sa propriété, son esclave. Elle doit se plier à sa volonté. Assurément, son père aurait préféré sauver sa vache, plutôt que sa femme.
Pas loin d’ici, on tue les filles à la naissance. Dans les villages du Rajasthan, on les enterre vivantes, dans une boîte, sous le sable, juste après leur naissance. Les petites filles mettent une nuit à mourir.
A ce qu’il paraît, le Mahatma avait déclaré le statut d’Intouchable illégal, contraire à la Constitution et aux droits de l’homme, mais depuis rien n’a changé. La plupart des Dalits acceptent leur sort sans protester. D’autres se convertissent au bouddhisme pour échapper au système des castes, à la manière de Babasaheb, le maître spirituel des Dalits. Smita a entendu parler de ces grandes cérémonies collectives, où ils sont des milliers à changer de religion. Des lois anti-conversion ont même été promulguées, pour tenter de contenir ces mouvements qui affaiblissent le pouvoir des autorités – les candidats à la conversion doivent désormais obtenir une autorisation, sous peine de poursuites judiciaires, un détail qui ne manque pas d’ironie : autant demander à son geôlier la permission de s‘évader.
Elle sait qu’ici, dans son pays, les victimes de viol sont considérées comme les coupables (…) On punit l’homme qui a des dettes en violant sa femme. On punit celui qui fraye avec une femme mariée en violant ses sœurs. Le viol est une arme puissante, une arme de destruction massive. Certains parlent d’épidémie. Une récente décision d’un conseil de village a défrayé la chronique près d’ici : deux jeunes femmes ont été condamnées à être déshabillées et violées en place publique, pour expier le crime de leur frère parti avec une femme mariée, de caste supérieure. Leur sentence a été exécutée. (…) Smita a déjà entendu ce chiffres, qui l’a fait frissonner : deux millions de femmes, assassinées dans le pays, chaque année. Deux millions, victimes de la barbarie des hommes, tuées dans l’indifférence générale. Le monde entier s’en fiche. Le monde les a abandonnées.
Bien sûr, il ne dit pas le mot (cancer), c’est un mot que personne ne prononce, un mot qu’il faut deviner, derrière les périphrases, le jargon médical dans lequel on se noie. On dirait qu’il est une insulte, qu’il est tabou, maudit. C’est pourtant de cela qu’il s’agit.
Se plaignant de douleurs à la tête, elle s’était confiée au médecin qui l’employait ; il l’avait alors auscultée. Après lui avoir fait passer un examen, il l’avait convoquée le soir-même, pour lui signifier son licenciement : elle avait un cancer. Bien sûr, les raisons alléguées étaient « économiques », mais personne n’était dupe. La procédure avait duré trois ans, la femme avait fini par gagner. Elle était décédée peu après.
Ce n’est pas elle qui est malade, c’est la société tout entière qu’il faudrait soigner. Les faibles qu’elle devrait protéger, accompagner, elle leur tourne le dos, comme ces vieux éléphants que le troupeau laisse derrière lui, les condamnant à une mort solitaire.
Pas loin d’ici, on tue les filles à la naissance. Dans les villages du Rajasthan, on les enterre vivantes, dans une boîte, sous le sable, juste après leur naissance. Les petites filles mettent une nuit à mourir.
A ce qu’il paraît, le Mahatma avait déclaré le statut d’Intouchable illégal, contraire à la Constitution et aux droits de l’homme, mais depuis rien n’a changé. La plupart des Dalits acceptent leur sort sans protester. D’autres se convertissent au bouddhisme pour échapper au système des castes, à la manière de Babasaheb, le maître spirituel des Dalits. Smita a entendu parler de ces grandes cérémonies collectives, où ils sont des milliers à changer de religion. Des lois anti-conversion ont même été promulguées, pour tenter de contenir ces mouvements qui affaiblissent le pouvoir des autorités – les candidats à la conversion doivent désormais obtenir une autorisation, sous peine de poursuites judiciaires, un détail qui ne manque pas d’ironie : autant demander à son geôlier la permission de s‘évader.
Elle sait qu’ici, dans son pays, les victimes de viol sont considérées comme les coupables (…) On punit l’homme qui a des dettes en violant sa femme. On punit celui qui fraye avec une femme mariée en violant ses sœurs. Le viol est une arme puissante, une arme de destruction massive. Certains parlent d’épidémie. Une récente décision d’un conseil de village a défrayé la chronique près d’ici : deux jeunes femmes ont été condamnées à être déshabillées et violées en place publique, pour expier le crime de leur frère parti avec une femme mariée, de caste supérieure. Leur sentence a été exécutée. (…) Smita a déjà entendu ce chiffres, qui l’a fait frissonner : deux millions de femmes, assassinées dans le pays, chaque année. Deux millions, victimes de la barbarie des hommes, tuées dans l’indifférence générale. Le monde entier s’en fiche. Le monde les a abandonnées.
Bien sûr, il ne dit pas le mot (cancer), c’est un mot que personne ne prononce, un mot qu’il faut deviner, derrière les périphrases, le jargon médical dans lequel on se noie. On dirait qu’il est une insulte, qu’il est tabou, maudit. C’est pourtant de cela qu’il s’agit.
Se plaignant de douleurs à la tête, elle s’était confiée au médecin qui l’employait ; il l’avait alors auscultée. Après lui avoir fait passer un examen, il l’avait convoquée le soir-même, pour lui signifier son licenciement : elle avait un cancer. Bien sûr, les raisons alléguées étaient « économiques », mais personne n’était dupe. La procédure avait duré trois ans, la femme avait fini par gagner. Elle était décédée peu après.
Ce n’est pas elle qui est malade, c’est la société tout entière qu’il faudrait soigner. Les faibles qu’elle devrait protéger, accompagner, elle leur tourne le dos, comme ces vieux éléphants que le troupeau laisse derrière lui, les condamnant à une mort solitaire.
Le coin des curieux :
Les perruques existent depuis l’Antiquité : les Egyptiens en portaient en plantes tressées ou en crin pour protéger leurs crânes rasés du soleil ou lors de cérémonies. Elles étaient répandues chez les Assyriens, les Phéniciens, les Grecs et les Romains, mais presque inconnues en Orient, sauf dans les théâtres traditionnels chinois et japonais.
Après la chute de l’Empire romain, la perruque disparût complètement d’Europe occidentale, jusqu’à ce que la mode en revint au 16e siècle, par souci non seulement esthétique, mais aussi utilitaire : des cheveux rasés sous une perruque limitaient les infections liées au manque d’hygiène. Les Cours d’Europe, qui faisaient alors les modes, eurent une influence décisive. En France, ce fut Louis XIII qui, le premier, lança la mode de la perruque masculine au 17e siècle.
Progressivement, les perruques devinrent un incontournable pour qui désirait tenir son rang social. En 1673, un édit de Louis XIV institua la corporation des perruquiers et ce métier hautement qualifié se répandit bientôt dans toute l’Europe, alors que les perruques, de plus en plus sophistiquées et imposantes, couvrant dos et épaules, se faisaient aussi onéreuses que lourdes et inconfortables. Au 18e siècle, les perruques se firent plus petites et plus formelles, et devinrent partie intégrante de l’uniforme de certaines professions, comme encore aujourd’hui chez les hommes de loi de certains pays. Très répandues en Europe occidentale et en Amérique du Nord, elles restèrent un important symbole social sous l’Ancien Régime, jusqu’à la création des États-Unis d’Amérique et la Révolution française. Leur usage persista en Angleterre jusqu’à l’institution en 1795 d’une taxe sur la poudre à cheveux destinée à soutenir le financement de la guerre contre la France.
Pour les femmes, les perruques complètes passèrent de mode dès le 18e siècle. Elles réapparurent brièvement en France sous le Directoire, juste après la Terreur, avec l’extravagance des Merveilleuses, sous toutes les formes et de toutes les couleurs.
Après la chute de l’Empire romain, la perruque disparût complètement d’Europe occidentale, jusqu’à ce que la mode en revint au 16e siècle, par souci non seulement esthétique, mais aussi utilitaire : des cheveux rasés sous une perruque limitaient les infections liées au manque d’hygiène. Les Cours d’Europe, qui faisaient alors les modes, eurent une influence décisive. En France, ce fut Louis XIII qui, le premier, lança la mode de la perruque masculine au 17e siècle.
Progressivement, les perruques devinrent un incontournable pour qui désirait tenir son rang social. En 1673, un édit de Louis XIV institua la corporation des perruquiers et ce métier hautement qualifié se répandit bientôt dans toute l’Europe, alors que les perruques, de plus en plus sophistiquées et imposantes, couvrant dos et épaules, se faisaient aussi onéreuses que lourdes et inconfortables. Au 18e siècle, les perruques se firent plus petites et plus formelles, et devinrent partie intégrante de l’uniforme de certaines professions, comme encore aujourd’hui chez les hommes de loi de certains pays. Très répandues en Europe occidentale et en Amérique du Nord, elles restèrent un important symbole social sous l’Ancien Régime, jusqu’à la création des États-Unis d’Amérique et la Révolution française. Leur usage persista en Angleterre jusqu’à l’institution en 1795 d’une taxe sur la poudre à cheveux destinée à soutenir le financement de la guerre contre la France.
Pour les femmes, les perruques complètes passèrent de mode dès le 18e siècle. Elles réapparurent brièvement en France sous le Directoire, juste après la Terreur, avec l’extravagance des Merveilleuses, sous toutes les formes et de toutes les couleurs.