Au delà du coup de coeur
Titre : L'embaumeur
Auteur : Isabelle DUQUESNOY
Année de parution : 2017
Editeur : La Martinière
Pages : 528
Présentation de l'éditeur :
Victor Renard n’eut jamais de chance avec les femmes. À commencer par sa
mère, l’épouvantable Pâqueline, qui lui reprochait d’être venu au monde
en étranglant son frère jumeau de son cordon ombilical. Puis ce fut
Angélique, la prostituée, qui se moquait des déclarations enflammées de
Victor et de sa difformité, comme de sa « demi-molle ».
Victor échappe pourtant à sa condition misérable : il devient embaumeur. Avec les cadavres, au moins, le voilà reconnu. Et en ces temps troublés, quelle meilleure situation ? Les morts, après la Révolution, ne manquent pas dans Paris…
Mais le sort le rattrape et l’épingle, comme le papillon sur l’étaloir. Face à ses juges et à la menace de la guillotine, Victor révèle tout : ses penchants amoureux, les pratiques millénaires de la médecine des morts, le commerce des organes et les secrets de sa fortune.
Où l’on découvrira que certains tableaux de nos musées sont peints avec le sang des rois de France…
Victor échappe pourtant à sa condition misérable : il devient embaumeur. Avec les cadavres, au moins, le voilà reconnu. Et en ces temps troublés, quelle meilleure situation ? Les morts, après la Révolution, ne manquent pas dans Paris…
Mais le sort le rattrape et l’épingle, comme le papillon sur l’étaloir. Face à ses juges et à la menace de la guillotine, Victor révèle tout : ses penchants amoureux, les pratiques millénaires de la médecine des morts, le commerce des organes et les secrets de sa fortune.
Où l’on découvrira que certains tableaux de nos musées sont peints avec le sang des rois de France…
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Auteur d’ouvrages historiques, Isabelle Duquesnoy a consacré
dix ans de sa vie à ce roman, sans se soucier de savoir s’il serait
publié. Elle a fait de cette obsession son chef-d’oeuvre. Avis :
Nous sommes sous le Directoire, juste après la Terreur. Victor a une vingtaine d’années : il est embaumeur à Paris et nous relate sa vie et les évènements qui l’ont amené devant la Justice, dans ce procès dont nous sommes le public et dont nous savons juste qu’il doit aboutir à son exécution.
Enfant détesté de ses parents, en particulier de son épouvantable mère qui le poursuivra toute sa vie de ses méchancetés, Victor rencontre enfin la bonté en la personne de Monsieur Joulia, son maître d’apprentissage, qui lui transmet avec patience les rudiments de son métier : l’embaumement des morts. Pour Victor, c’est le début d’une bonne fortune, qui finira pourtant par se retourner.
Tout au long de sa narration, Victor interpelle directement le lecteur, qui se retrouve assis au milieu du public venu assister aux audiences. Sur un ton truculent débordant d’humour noir, il nous relate son métier et, au travers des mille anecdotes et détails de sa vie, parfois très glauques, ce sont toutes les mœurs de la société de son époque qui se dessinent peu à peu, dans un récit piquant et pittoresque, souvent drôle et étonnant. Victor est un véritable conteur qui sait tenir son public en haleine : jamais l’intérêt ne se relâche et le rire est souvent au rendez-vous.
Ce livre admirablement documenté, au style ciselé qui parvient à merveille à évoquer le langage de l’époque, se lit avec délectation. Il nous fait revivre l’Histoire au travers des mille détails de la vie quotidienne, parfois triviaux, mais tous constitutifs d’une réalité et d’une certaine conception de la vie et de la mort. Alors, oubliez vite vos repères contemporains et laissez vous entraîner dans cette plongée captivante dans l’ordinaire de la fin du 18e siècle : un ordinaire qui ne manquera pas de vous estomaquer.
Au delà du coup de coeur. (6/5)
Enfant détesté de ses parents, en particulier de son épouvantable mère qui le poursuivra toute sa vie de ses méchancetés, Victor rencontre enfin la bonté en la personne de Monsieur Joulia, son maître d’apprentissage, qui lui transmet avec patience les rudiments de son métier : l’embaumement des morts. Pour Victor, c’est le début d’une bonne fortune, qui finira pourtant par se retourner.
Tout au long de sa narration, Victor interpelle directement le lecteur, qui se retrouve assis au milieu du public venu assister aux audiences. Sur un ton truculent débordant d’humour noir, il nous relate son métier et, au travers des mille anecdotes et détails de sa vie, parfois très glauques, ce sont toutes les mœurs de la société de son époque qui se dessinent peu à peu, dans un récit piquant et pittoresque, souvent drôle et étonnant. Victor est un véritable conteur qui sait tenir son public en haleine : jamais l’intérêt ne se relâche et le rire est souvent au rendez-vous.
Ce livre admirablement documenté, au style ciselé qui parvient à merveille à évoquer le langage de l’époque, se lit avec délectation. Il nous fait revivre l’Histoire au travers des mille détails de la vie quotidienne, parfois triviaux, mais tous constitutifs d’une réalité et d’une certaine conception de la vie et de la mort. Alors, oubliez vite vos repères contemporains et laissez vous entraîner dans cette plongée captivante dans l’ordinaire de la fin du 18e siècle : un ordinaire qui ne manquera pas de vous estomaquer.
Au delà du coup de coeur. (6/5)
Citations:
Les demoiselles pauvres qui ne savent pas coudre doivent économiser cinq ans de leurs gages pour s’acquérir une robe soignée, dont elles auront l’usage six fois dans leur vie : au bal, afin de trouver un mari, le jour des noces avec la trouvaille, puis c’en est fini des bals car les naissances se chargent d’évincer tout projet de divertissement. Restent encore les baptêmes des enfants pour la sortie et, pour la sixième, la robe sera si démodée qu’il vaudra mieux retailler des jupes aux fillettes dans son étoffe, en fuyant les coins d’usure, à moins qu’on ne l’enfile à la vieille pour ses funérailles : un vrai gâchis.
Le rite du baptême permet de présenter le nouveau-né à la communauté des chrétiens vivants, mais également à celle de l’au-delà, des fois qu’il avalerait son vomi. (…) Bien souvent, les parents savent que l’enfant a peu de chances de survivre, mais ce n’est pas une raison pour l’exclure du jardin béni des morts. Le cimetière paroissial est le lieu où son salut éternel est assuré ; il est donc impératif de la baptiser, afin qu’il n’en soit pas exclu. Saisis-tu ? Enseveli en dehors de ce secteur, le bébé devient fantôme et gâte la vie de ses parents, sans parler de ses frères et sœurs dont il jalouse la condition.
Les enfants morts avant les rites de présentation à l’Etre Suprême sont appelés larvae. Ils sont condamnés à errer dans les ténèbres. Bien souvent, ils ne sont même pas enterrés. On les jette directement dans les fosses à déchets. Inutile de te préciser combien les parents et toute la race de ces pauvres enfants regrettent un jour leur acte barbare : le petit défunt revient pour se venger à la première occasion.
… les vendredis d’automne, mes parents partaient à la recherche de mandragores violacées que la nuit et l’orage rendaient lumineuses. A l’aide d’un poignard béni, Papa traçait trois cercles autour de la plante que ma mère lui désignait, puis il creusait délicatement pour la déplanter. Lors de son déracinement, la mandragore devait pousser un cri d’agonie insoutenable, tuant les humains dont les oreilles n’étaient pas bouchées. Mais chaque fois, on n’entendait que les vociférations de mes parents : Papa reprochait à Maman de s’être trompée de plante, tandis qu’elle le critiquait d’avoir déterré sa mandragore comme une brute.
- Connais-tu la véritable fonction des lieux de dépôt des corps, tels que la basse geôle, les hôpitaux et les offices comme le nôtre ? (…) Les dépôts servent à attendre.
- Attendre qui ou quoi ?
- La tache verte de l’abdomen. Sans l’apparition de cette tache, on craint l’enterrement d’une personne en torpeur. Des sommeils étranges peuvent avoir l’apparence du trépas : aucun souffle, nul battement de coeur, regard vide et froideur des membres. Ces morts qui ne l’étaient pas tout à fait se réveillent parfois brutalement au premier tracé de canif. Ou séquestrés dans un cercueil, sans que nul n’en sache. (…) Mais lorsque la tache verte apparaît, le doute n’est plus possible…
- (…) ma mère, ou plutôt ce qu’il en reste, m’attend chaque jour, à la même heure, depuis son grabat au couvent. (…) Je ne souhaite à personne l’enfer de mes visites au milieu des râles, des bassins de pisse et des folles qu’on enchaîne aux pieds des lits. Ma mère gît dans cette marée de misère, mais elle n’a jamais voulu finir ses jours autrement que près de ces religieuses.
- … Une sainte au milieu des saintes, ajoutai-je, décidément peu inspiré.
- Oui, enfin… Elles sont dévouées, ces petites sœurs, mais elles ont la sale manie d’alléger la bourse des mourants. C’est pourquoi, je préfère lui apporter chaque jour une piécette, afin que la sainteté ne la détrousse.
Ainsi donc, ce jeune homme élégant appartenait à la race de ces inutiles sans foi ni loi, à cette redoutable catégorie d’incapables violents qui, se regroupant par vingtaine, pourchassaient les républicains et les frappaient avec leur canne alourdie de plomb. Affublée de costumes ridicules et reconnaissables, vaillante et combative à condition d’être en bande, cette jeunesse dorée et furieuse, portant un brassard de crêpe noir en souvenir des guillotinés, refusait de prononcer le moindre « r », initiale du mot Révolution.
Allez-vous danser au bal des Victimes ? (…) Moi, j’y vais souvent. (…) J’ado’e nos t ‘aditions ! Habillés en noi’, pour le deuil du ‘oi et de la ‘eine, nous nous saluons en inclinant la tête d’un coup sec, comme si la guillotine nous était b’usquement tombée dessus. C’est inc’oyable de gaieté !
Auprès de cet homme doté de la patience du muletier, j’appris la tranquillité de l’âne libéré de toute crainte.
Tout siècle est porteur de son génie, d’un personnage hors du commun, fascinant ou répugnant, démon de l’architecture ou farfadet du flûtiau, dont l’oeuvre appartient au monde une fois le titan refroidi. Une vie d’orgueil cachée derrière un masque ; tout n’est que composition, visant à étouffer la crainte de retomber dans l’oubli, puis en poussière. Nul génie n’échappe à l’insolence de la mort, et c’est bien ce qui le rend encore plus inventif : la peur.
Martin Drölling se serait emparé de nombreux coeurs embaumés des rois de France. On retrouve le jus de « mumie » sur ses peintures exposées dans l’Église Saint-Sulpice, mais également sur La Femme et la Souris, achevé en 1798, et Intérieur d’une cuisine, qui existe en deux versions (celle réalisée en 1798 est à Orléans, la seconde, réalisée en 1815, se trouve actuellement au Louvre), ainsi que Les Petits Soldats. D’autres artistes furent intéressés par les qualités de ces jus humains et achetèrent de la mumie provenant essentiellement de profanations françaises.
420 noms de maladies différents, dont 128 désignent des fièvres ! Lorsque les familles et les médecins ne comprennent rien, on dénonce toujours une fièvre : fièvre maligne, fièvre lancinante, épuisante ou ardente, fièvre putride, fièvre pourprée ou miliaire. Nul n’identifie jamais la maladie par sa cause, car elle est censée venir toujours de Dieu ou de Satan, mais uniquement par ses signes : pustules aux aisselles, toux ou point de côté, vomissements ou crachats glaireux. Les enfants succombent aux crampes et douleurs de ventre. Les paysans sèvrent leurs enfants à trois mois au lieu de vingt, s’amusa mon maître. Ces abrutis leur donnent du jus de pomme verte à boire.
Mon garçon, l’Église assure que la prière d’un mendiant a plus de chances d’être entendue par l’Etre Suprême. Non seulement on les tolère, mais on les paye pour cela… Et parfois même dans les testaments, le défunt ordonne qu’on offre à son miséreux favori plusieurs boisseaux de blé, afin de s’assurer qu’il prie à s’en racornir la langue.
Quand tu finis d’embaumer une jeune fille, tu l’habilles puis tu vérifies que la famille dépose dans son cercueil une poupée, pour représenter l’enfant qu’elle n’aura jamais. Les gens croient que la poupée lui ôtera l’envie de tuer les enfants des autres par jalousie.
Le rite du baptême permet de présenter le nouveau-né à la communauté des chrétiens vivants, mais également à celle de l’au-delà, des fois qu’il avalerait son vomi. (…) Bien souvent, les parents savent que l’enfant a peu de chances de survivre, mais ce n’est pas une raison pour l’exclure du jardin béni des morts. Le cimetière paroissial est le lieu où son salut éternel est assuré ; il est donc impératif de la baptiser, afin qu’il n’en soit pas exclu. Saisis-tu ? Enseveli en dehors de ce secteur, le bébé devient fantôme et gâte la vie de ses parents, sans parler de ses frères et sœurs dont il jalouse la condition.
Les enfants morts avant les rites de présentation à l’Etre Suprême sont appelés larvae. Ils sont condamnés à errer dans les ténèbres. Bien souvent, ils ne sont même pas enterrés. On les jette directement dans les fosses à déchets. Inutile de te préciser combien les parents et toute la race de ces pauvres enfants regrettent un jour leur acte barbare : le petit défunt revient pour se venger à la première occasion.
… les vendredis d’automne, mes parents partaient à la recherche de mandragores violacées que la nuit et l’orage rendaient lumineuses. A l’aide d’un poignard béni, Papa traçait trois cercles autour de la plante que ma mère lui désignait, puis il creusait délicatement pour la déplanter. Lors de son déracinement, la mandragore devait pousser un cri d’agonie insoutenable, tuant les humains dont les oreilles n’étaient pas bouchées. Mais chaque fois, on n’entendait que les vociférations de mes parents : Papa reprochait à Maman de s’être trompée de plante, tandis qu’elle le critiquait d’avoir déterré sa mandragore comme une brute.
- Connais-tu la véritable fonction des lieux de dépôt des corps, tels que la basse geôle, les hôpitaux et les offices comme le nôtre ? (…) Les dépôts servent à attendre.
- Attendre qui ou quoi ?
- La tache verte de l’abdomen. Sans l’apparition de cette tache, on craint l’enterrement d’une personne en torpeur. Des sommeils étranges peuvent avoir l’apparence du trépas : aucun souffle, nul battement de coeur, regard vide et froideur des membres. Ces morts qui ne l’étaient pas tout à fait se réveillent parfois brutalement au premier tracé de canif. Ou séquestrés dans un cercueil, sans que nul n’en sache. (…) Mais lorsque la tache verte apparaît, le doute n’est plus possible…
- (…) ma mère, ou plutôt ce qu’il en reste, m’attend chaque jour, à la même heure, depuis son grabat au couvent. (…) Je ne souhaite à personne l’enfer de mes visites au milieu des râles, des bassins de pisse et des folles qu’on enchaîne aux pieds des lits. Ma mère gît dans cette marée de misère, mais elle n’a jamais voulu finir ses jours autrement que près de ces religieuses.
- … Une sainte au milieu des saintes, ajoutai-je, décidément peu inspiré.
- Oui, enfin… Elles sont dévouées, ces petites sœurs, mais elles ont la sale manie d’alléger la bourse des mourants. C’est pourquoi, je préfère lui apporter chaque jour une piécette, afin que la sainteté ne la détrousse.
Ainsi donc, ce jeune homme élégant appartenait à la race de ces inutiles sans foi ni loi, à cette redoutable catégorie d’incapables violents qui, se regroupant par vingtaine, pourchassaient les républicains et les frappaient avec leur canne alourdie de plomb. Affublée de costumes ridicules et reconnaissables, vaillante et combative à condition d’être en bande, cette jeunesse dorée et furieuse, portant un brassard de crêpe noir en souvenir des guillotinés, refusait de prononcer le moindre « r », initiale du mot Révolution.
Allez-vous danser au bal des Victimes ? (…) Moi, j’y vais souvent. (…) J’ado’e nos t ‘aditions ! Habillés en noi’, pour le deuil du ‘oi et de la ‘eine, nous nous saluons en inclinant la tête d’un coup sec, comme si la guillotine nous était b’usquement tombée dessus. C’est inc’oyable de gaieté !
Auprès de cet homme doté de la patience du muletier, j’appris la tranquillité de l’âne libéré de toute crainte.
Tout siècle est porteur de son génie, d’un personnage hors du commun, fascinant ou répugnant, démon de l’architecture ou farfadet du flûtiau, dont l’oeuvre appartient au monde une fois le titan refroidi. Une vie d’orgueil cachée derrière un masque ; tout n’est que composition, visant à étouffer la crainte de retomber dans l’oubli, puis en poussière. Nul génie n’échappe à l’insolence de la mort, et c’est bien ce qui le rend encore plus inventif : la peur.
Martin Drölling se serait emparé de nombreux coeurs embaumés des rois de France. On retrouve le jus de « mumie » sur ses peintures exposées dans l’Église Saint-Sulpice, mais également sur La Femme et la Souris, achevé en 1798, et Intérieur d’une cuisine, qui existe en deux versions (celle réalisée en 1798 est à Orléans, la seconde, réalisée en 1815, se trouve actuellement au Louvre), ainsi que Les Petits Soldats. D’autres artistes furent intéressés par les qualités de ces jus humains et achetèrent de la mumie provenant essentiellement de profanations françaises.
420 noms de maladies différents, dont 128 désignent des fièvres ! Lorsque les familles et les médecins ne comprennent rien, on dénonce toujours une fièvre : fièvre maligne, fièvre lancinante, épuisante ou ardente, fièvre putride, fièvre pourprée ou miliaire. Nul n’identifie jamais la maladie par sa cause, car elle est censée venir toujours de Dieu ou de Satan, mais uniquement par ses signes : pustules aux aisselles, toux ou point de côté, vomissements ou crachats glaireux. Les enfants succombent aux crampes et douleurs de ventre. Les paysans sèvrent leurs enfants à trois mois au lieu de vingt, s’amusa mon maître. Ces abrutis leur donnent du jus de pomme verte à boire.
Mon garçon, l’Église assure que la prière d’un mendiant a plus de chances d’être entendue par l’Etre Suprême. Non seulement on les tolère, mais on les paye pour cela… Et parfois même dans les testaments, le défunt ordonne qu’on offre à son miséreux favori plusieurs boisseaux de blé, afin de s’assurer qu’il prie à s’en racornir la langue.
Quand tu finis d’embaumer une jeune fille, tu l’habilles puis tu vérifies que la famille dépose dans son cercueil une poupée, pour représenter l’enfant qu’elle n’aura jamais. Les gens croient que la poupée lui ôtera l’envie de tuer les enfants des autres par jalousie.
Le coin des curieux :
Les cérémonies mortuaires des souverains de l’Ancien Régime, aussi fortes en symbolique que les couronnements, pouvaient durer tout un mois. Afin de maintenir l’aspect du corps et de limiter les odeurs pendant tout ce temps, la dépouille était embaumée : après l’éviscération de l’abdomen, du thorax et du crâne, elle était remplie de « baumes », produits à l’odeur agréable. Une fois prête, elle pouvait remplacer l’effigie vivante, mannequin de bois à la tête et aux mains de cire, utilisé dans l’intervalle. A l’issue de la période de recueillement et d’hommages, le corps était enfin mené en grande pompe à la basilique Saint-Denis.
Considéré dans la société chrétienne comme le siège de la piété et de la foi et donc comme l’organe humain le plus important, le coeur subissait un traitement particulier : une fois extrait, il était trempé dans de l’esprit de vin ou de l’huile de térébenthine, puis séché au moyen de plantes aromatiques. Il était ensuite conservé dans un reliquaire, comme ceux de Louis XIII et de Louis XIV en l’église Saint-Paul-Saint-Louis dans le quartier du Marais à Paris.
Quant à ces coeurs, une légende circule, que rien, malgré les recherches, ne permet de corroborer avec certitude : ils auraient servi à alimenter en pigments les peintres Martin Drölling et Alexandre Pau de Saint-Martin, leur permettant de réaliser ce que l’on appelle le brun momie ou brun égyptien, difficile à trouver au lendemain de la Révolution. Ce pigment brun-rouge, utilisé en peinture surtout en Angleterre au 19e siècle, qu’on disait issu du broyage de momies d'Égypte ancienne, était sans doute le plus souvent produit à partir de contrefaçons contenant principalement du bitume ou de l'asphalte.
Considéré dans la société chrétienne comme le siège de la piété et de la foi et donc comme l’organe humain le plus important, le coeur subissait un traitement particulier : une fois extrait, il était trempé dans de l’esprit de vin ou de l’huile de térébenthine, puis séché au moyen de plantes aromatiques. Il était ensuite conservé dans un reliquaire, comme ceux de Louis XIII et de Louis XIV en l’église Saint-Paul-Saint-Louis dans le quartier du Marais à Paris.
Quant à ces coeurs, une légende circule, que rien, malgré les recherches, ne permet de corroborer avec certitude : ils auraient servi à alimenter en pigments les peintres Martin Drölling et Alexandre Pau de Saint-Martin, leur permettant de réaliser ce que l’on appelle le brun momie ou brun égyptien, difficile à trouver au lendemain de la Révolution. Ce pigment brun-rouge, utilisé en peinture surtout en Angleterre au 19e siècle, qu’on disait issu du broyage de momies d'Égypte ancienne, était sans doute le plus souvent produit à partir de contrefaçons contenant principalement du bitume ou de l'asphalte.
Intérieur d'une cuisine (Martin Drölling - 1815) |
Diable voici un roman plein de noirceur et de lumière ! J'aime beaucoup les romans historiques qui nous étonnent souvent par les révélations des us et coutumes du moment. Merci du partage. Quant au petit coin des curieux, il reste toujours plein d'apprentissage.
RépondreSupprimerMerci Mimi. Vous adorerez donc aussi ce livre sans aucun doute.
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimer