vendredi 1 mars 2019

[Decoin, Didier] Est-ce ainsi que les femmes meurent






 

Coup de coeur 💓

 

Titre : Est-ce ainsi que
            les femmes meurent ?

Auteur : Didier DECOIN

Editeur : Grasset

Parution : 2009

Pages : 234








Présentation de l'éditeur :

Catherine Kitty Genovese n’aurait pas dĂ» sortir seule ce soir de mars 1964 du bar oĂč elle travaillait, une nuit de grand froid, dans le quartier de Queens Ă  New York. Sa mort a Ă©tĂ© signalĂ©e par un entrefilet dans le journal du lendemain : « Une habitante du quartier meurt poignardĂ©e devant chez elle. » On arrĂȘte peu de temps aprĂšs Winston Moseley, monstre froid et pĂšre de famille. Rien de plus. Une fin anonyme pour cette jeune femme drĂŽle et jolie d’Ă  peine trente ans. Mais savait-on que le martyre de Kitty Genovese a durĂ© plus d’une demi-heure, et surtout, que trente-huit tĂ©moins hommes et femmes, bien au chaud derriĂšre leurs fenĂȘtres, ont vu ou entendu la mise Ă  mort ? Aucun n’est intervenu. Qui est le plus coupable ? Le criminel ou l’indiffĂ©rent ?
A la fois rĂ©cit saisissant de rĂ©alisme et rĂ©flexion sur la lĂąchetĂ© humaine, traversĂ©e d’un New York insalubre et rĂ©surrection d’une victime, le roman de Didier Decoin se lit dans un frisson.
 

 

Avis :

Comme avec La pendue de Londres du mĂȘme auteur, il s'agit ici d'une histoire rĂ©elle, tout aussi terrible, cette fois dans le New York des annĂ©es soixante. 
Le massacre de la victime est particuliĂšrement atroce, mais, ce qui a contribuĂ© Ă  sa cĂ©lĂ©britĂ© est la passivitĂ© de plusieurs dizaines de tĂ©moins. Pourtant, en aucun cas des gens pires que vous et moi : alors, pourquoi ? Et moi, et nous, dans la mĂȘme situation ? Cette histoire a Ă©tĂ© Ă  l'origine de nombreuses recherches en psychologie sociale, et a permis de mettre au jour un phĂ©nomĂšne dit "effet du tĂ©moin" : il s'agit d'une dilution de la responsabilitĂ© lorsque les tĂ©moins sont nombreux, alors qu'un tĂ©moin unique, ne pouvant compter sur personne d'autre, interviendra plus facilement. 
Toujours est-il que cette pauvre fille a vĂ©cu un calvaire au vu et su de nombreuses personnes, qu'il aurait suffi de presque rien pour la sauver, de nombreuses chances en ayant Ă©tĂ© perdues... L'horreur grimpe encore au vu de comportement et du sort du tueur. 
S'il s'agissait d'une fiction, j'aurais peut-ĂȘtre trouvĂ© l'histoire exagĂ©rĂ©e, peu crĂ©dible. Et pourtant, tout est vrai. Encore un coup de coeur avec Didier Decoin. (5/5)

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