Coup de coeur đ
Titre : Est-ce ainsi que
les femmes meurent ?
Auteur : Didier DECOIN
Editeur : Grasset
Parution : 2009
Pages : 234
Présentation de l'éditeur :
Catherine Kitty Genovese n’aurait pas dĂ» sortir seule ce soir de mars
1964 du bar oĂč elle travaillait, une nuit de grand froid, dans le
quartier de Queens à New York. Sa mort a été signalée par un entrefilet
dans le journal du lendemain : « Une habitante du quartier meurt
poignardĂ©e devant chez elle. » On arrĂȘte peu de temps aprĂšs Winston
Moseley, monstre froid et pĂšre de famille. Rien de plus. Une fin anonyme
pour cette jeune femme drĂŽle et jolie d’Ă peine trente ans. Mais
savait-on que le martyre de Kitty Genovese a durĂ© plus d’une demi-heure,
et surtout, que trente-huit témoins hommes et femmes, bien au chaud
derriĂšre leurs fenĂȘtres, ont vu ou entendu la mise Ă mort ? Aucun n’est
intervenu. Qui est le plus coupable ? Le criminel ou l’indiffĂ©rent ?
A la fois rĂ©cit saisissant de rĂ©alisme et rĂ©flexion sur la lĂąchetĂ© humaine, traversĂ©e d’un New York insalubre et rĂ©surrection d’une victime, le roman de Didier Decoin se lit dans un frisson.
A la fois rĂ©cit saisissant de rĂ©alisme et rĂ©flexion sur la lĂąchetĂ© humaine, traversĂ©e d’un New York insalubre et rĂ©surrection d’une victime, le roman de Didier Decoin se lit dans un frisson.
Avis :
Comme avec La pendue de Londres du mĂȘme auteur, il s'agit ici d'une histoire rĂ©elle, tout aussi terrible, cette fois dans le New York des annĂ©es soixante.
Le massacre de la victime est particuliĂšrement atroce, mais, ce qui a contribuĂ© Ă sa cĂ©lĂ©britĂ© est la passivitĂ© de plusieurs dizaines de tĂ©moins. Pourtant, en aucun cas des gens pires que vous et moi : alors, pourquoi ? Et moi, et nous, dans la mĂȘme situation ? Cette histoire a Ă©tĂ© Ă l'origine de nombreuses recherches en psychologie sociale, et a permis de mettre au jour un phĂ©nomĂšne dit "effet du tĂ©moin" : il s'agit d'une dilution de la responsabilitĂ© lorsque les tĂ©moins sont nombreux, alors qu'un tĂ©moin unique, ne pouvant compter sur personne d'autre, interviendra plus facilement.
Toujours est-il que cette pauvre fille a vécu un calvaire au vu et su de nombreuses personnes, qu'il aurait suffi de presque rien pour la sauver, de nombreuses chances en ayant été perdues... L'horreur grimpe encore au vu de comportement et du sort du tueur.
S'il s'agissait d'une fiction, j'aurais peut-ĂȘtre trouvĂ© l'histoire exagĂ©rĂ©e, peu crĂ©dible. Et pourtant, tout est vrai. Encore un coup de coeur avec Didier Decoin. (5/5)
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