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dimanche 3 mars 2019

[Decoin, Didier] La femme de chambre du Titanic






Coup de coeur đź’“

 

Titre : La femme de chambre du Titanic

Auteur : Didier DECOIN

Editeur : Seuil

Parution : 1991

Pages : 336









Présentation de l'éditeur :

« Voilà l’histoire d’un amour si étrange, dit l’auteur, que je n’étais pas sûr d’oser jamais l’écrire. Mais l’envie de raconter aura été plus forte que mes pudeurs.
Raconter la passion qui, durant l’année 1912 – l’année du Titanic–, a entraîné un docker de cinquante-deux ans, Horty, et Marie Diotret, une très jeune femme de chambre du transatlantique, dans un monde qui n’était pas fait pour eux. »
Dans le sillage d’Horthy et de Marie, de la taverne de la Tête d’Écaille aux quais mouillés de Southampton, des terrains vagues de New York aux lacs rêvés de l’État du Maine, des lumières du Grand Théâtre à la nuit des docks où rodent amants et assassins, cette « extrême histoire d’amour » met en image Zoé, la petite épouse rouquine et patiente qui attend qu’Horty rentre enfin à la maison ; Zeppe, le garçon de cirque qui croit pouvoir tirer fortune de l’amour d’Horty pour Marie ; la trop fragile Aïcha à qui le destin ne laissera même pas le temps d’apprendre à compter jusqu’à onze ; Sciarfoni, le lamaneur qui gîte comme une bête sauvage sous une grand barque renversée ; Maureen, la voleuse de bijoux qui opère dans les théâtres de Drury Lane ; et tout le peuple du port – dockers, soutiers, filles de joies, riches voyageurs, émigrants misérables… Le roman à la fois le plus imaginaire et le plus vrai de l’auteur d’Abraham de Brooklyn et de John l’Enfer.
 

 

Avis :

En 1912, Horty, docker de cinquante-deux ans, remporte le concours annuel de sa corporation dans sa ville du nord de la France, qu'il quitte alors pour la première fois : il a en effet gagnĂ© un voyage pour Southampton, afin d'assister au dĂ©part du Titanic. Lors de son bref sĂ©jour en Angleterre, il rencontre Marie, jeune femme de chambre sur le Titanic, et en tombe Ă©perdument amoureux. 

Lorsque, quelques jours après son retour à la maison, la nouvelle du naufrage du paquebot se répand, Horty croit Marie perdue et sombre dans la dépression et la boisson. Idéalisant Marie jusqu'à l'obsession, il se met à raconter, sans répit et à l'envi, ce qui devient une histoire d'amour chaque jour plus formidable. Autour de lui, fascinée par le rêve d'Horty, gravite toute la population des villes portuaires : dockers, soutiers, lamaneurs, glaneuses, prostituées, misérables migrants ou riches voyageurs attirant escrocs et profiteurs de tout poil... Mais qui était véritablement Marie ? Et que lui est-il advenu après son embarquement sur le Titanic ?

Didier Decoin nous livre Ă  nouveau une histoire habilement construite, qui tient le lecteur en haleine jusqu'Ă  l'excipit encore une fois magistral. Il nous plonge dans un de ses univers de prĂ©dilection : le milieu maritime. On y dĂ©couvre une population hĂ©tĂ©roclite survivant autour des activitĂ©s portuaires, toute une galerie humaine extraordinairement rĂ©aliste, d'autant plus fascinĂ©e par l'histoire que raconte Horty qu'elle vient transcender leur quotidien si dur et si morne. 

Le sentiment prĂ©valent est au final celui de la tristesse, de la dĂ©sillusion et de la rĂ©signation : "Innocence Ă©tait un mot qu'on entendait et qu'on voyait partout, mais qui ne dĂ©crivait rien de rĂ©el - juste une jolie supposition que les hommes faisaient en espĂ©rant qu'elle se vĂ©rifierait peut-ĂŞtre un jour (...). Alors, s'il n'y avait pas d'innocents, il n'y avait pas non plus de coupables, il n'y avait qu'un grouillement d'individus plus ou moins dangereux, qui se faisaient souffrir les uns les autres par des moyens variables. La souffrance Ă©tait la seule vraie monnaie d'Ă©change entre les hommes. A la diffĂ©rence de l'argent, de cela au moins tous Ă©taient riches, et vivre consistait simplement Ă  mesurer Ă  tout instant si les souffrances qu'on imposait ou qu'on subissait Ă©taient supportables ou non". Mais aussi celui de l'espoir : derrière la grisaille, l'espoir ne demande qu'Ă  renaĂ®tre. Et si toucher le fond permettait, enfin, de larguer les amarres et, finalement, d'oser vivre ? 

Neuvième coup de coeur parmi mes lectures de Didier Decoin. (5/5)

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