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Titre : Le poids de la neige
Auteur : Christian GUAY-POLIQUIN
Parution originale :
Editions La Peuplade (2016 - Québec)
Parution française :
Editions de l'Observatoire (2018)
Pages : 256
Présentation de l'éditeur :
A la suite d'un accident, un homme se retrouve piégé dans un village
enseveli sous la neige et coupé du monde par une panne d'électricité. Il
est confié à Matthias, un vieillard qui accepte de le soigner en
échange de bois, de vivres et, surtout, d'une place dans le convoi qui
partira pour la ville au printemps, seule échappatoire. Dans la véranda
d'une maison où se croisent les courants d'air et de rares visiteurs,
les deux hommes se retrouvent prisonniers de l'hiver et de leur rude
face-à-face.
Cernés par une nature hostile et sublime, soumis aux rumeurs et aux passions qui secouent le village, ils tissent des liens complexes, oscillant entre méfiance, nécessité et entraide. Alors que les centimètres de neige s'accumulent, tiendront-ils le coup face aux menaces extérieures et aux écueils intimes ?
Cernés par une nature hostile et sublime, soumis aux rumeurs et aux passions qui secouent le village, ils tissent des liens complexes, oscillant entre méfiance, nécessité et entraide. Alors que les centimètres de neige s'accumulent, tiendront-ils le coup face aux menaces extérieures et aux écueils intimes ?
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Né au Québec, en 1982, Christian Guay-Poliquin est doctorant en études littéraires. Le Poids de la neige, grand succès au Québec, a été distingué par plusieurs prix prestigieux.Avis :
Dans un futur proche et un lieu indéfini qui pourrait être le Québec, un village déjà isolé par une dense forêt se retrouve complètement coupé du monde, en plein hiver, par un black-out général qui vient de priver le pays d’électricité : bloqués par la neige, les villageois doivent soudain affronter les rudes conditions climatiques quasiment comme au temps jadis, cloîtrés auprès de leurs feux de bois, avec pour seule nourriture les provisions accumulées aux beaux jours.
Alors que le village organise tant bien que mal sa survie, deux hommes qui ne se connaissent pas sont contraints à la cohabitation, dans la dépendance d’une habitation désertée et située un peu à l’écart. Ils font figure de Robinsons échoués là par erreur : le plus jeune revenait voir son père après des années d’absence, quand un accident de voiture lui a broyé les jambes et l’a coincé au village. Le plus âgé n’a qu’une hâte : partir rejoindre sa vieille épouse malade, restée seule en ville.
Ce qui se passe en dehors du village naufragé, et dont on ne saura rien, n’est pas le sujet du roman, mais plutôt une sorte de prétexte pour nous enfermer dans un huis-clos forcé. A vrai dire, il ne se passe pas grand-chose, sinon une longue attente incertaine dans un cocon de blancheur froide et dangereuse, où la moindre imprudence peut très vite devenir fatale.
Alors que le monde s’est rétréci à leur petite bulle de survie, cernée par l’envahissante et irrépressible marée blanche dont ils suivent le flux et le reflux sur les graduations de leur poteau à neige, les deux hommes luttent plus ou moins patiemment contre le froid, la faim et l’ennui. S’entraidant et se déchirant au fil de leurs angoisses, irrémédiablement seuls face à eux-mêmes malgré leur promiscuité, ils se débattent contre leur présent avec une seule obsession : quitter cet endroit dès que possible, même si l’ailleurs est peut-être pire, car rien ne leur parvient de l’état du monde au-delà de leur forêt.
Comme Dédale et Icare cités en introduction de chaque chapitre, les héros de ce roman ne vivent que pour partir, à la recherche d’un autre chose qu’ils ignorent mais dont ils attendent tout : et si, là-bas, les guettait bien pire que le poids de la neige ?
Cette fable glacée m’a laissée sur la frustration de nombreuses questions posées et restées sans réponse. Alors, reste en consolation le souvenir d’impressionnants décors de neige, dans une nature imperturbable qui se moque bien du bouillonnement des états d’âme humains. (3/5)
Alors que le village organise tant bien que mal sa survie, deux hommes qui ne se connaissent pas sont contraints à la cohabitation, dans la dépendance d’une habitation désertée et située un peu à l’écart. Ils font figure de Robinsons échoués là par erreur : le plus jeune revenait voir son père après des années d’absence, quand un accident de voiture lui a broyé les jambes et l’a coincé au village. Le plus âgé n’a qu’une hâte : partir rejoindre sa vieille épouse malade, restée seule en ville.
Ce qui se passe en dehors du village naufragé, et dont on ne saura rien, n’est pas le sujet du roman, mais plutôt une sorte de prétexte pour nous enfermer dans un huis-clos forcé. A vrai dire, il ne se passe pas grand-chose, sinon une longue attente incertaine dans un cocon de blancheur froide et dangereuse, où la moindre imprudence peut très vite devenir fatale.
Alors que le monde s’est rétréci à leur petite bulle de survie, cernée par l’envahissante et irrépressible marée blanche dont ils suivent le flux et le reflux sur les graduations de leur poteau à neige, les deux hommes luttent plus ou moins patiemment contre le froid, la faim et l’ennui. S’entraidant et se déchirant au fil de leurs angoisses, irrémédiablement seuls face à eux-mêmes malgré leur promiscuité, ils se débattent contre leur présent avec une seule obsession : quitter cet endroit dès que possible, même si l’ailleurs est peut-être pire, car rien ne leur parvient de l’état du monde au-delà de leur forêt.
Comme Dédale et Icare cités en introduction de chaque chapitre, les héros de ce roman ne vivent que pour partir, à la recherche d’un autre chose qu’ils ignorent mais dont ils attendent tout : et si, là-bas, les guettait bien pire que le poids de la neige ?
Cette fable glacée m’a laissée sur la frustration de nombreuses questions posées et restées sans réponse. Alors, reste en consolation le souvenir d’impressionnants décors de neige, dans une nature imperturbable qui se moque bien du bouillonnement des états d’âme humains. (3/5)
Citations :
Nous sommes dans le ventre de l'hiver, dans ses entrailles. Et, dans cette obscurité chaude, nous savons qu'on ne peut jamais fuir ce qui nous échoit.
Je rassemble mon courage et me retourne sur le dos, les bras en croix, les paumes vers le ciel. Autour de moi les ténèbres rôdent. La nuit a faim. Et les flocons sont carnivores.
Le vent s’est levé avec la tombée de la nuit. Les rafales secouent la véranda. Il neige. J’entends les flocons se précipiter contre la vitre comme des oiseaux bernés par les reflets.
Quand on regarde par la fenêtre, on dirait qu'on est en pleine mer. Partout, le vent a soulevé d’immenses lames de neige qui se sont figées au moment même où elles allaient déferler sur nous.
J'écoute les secondes tourner en rond autour du réveil, comme si elles cherchaient à gagner du temps.
Regarde. C'est un lieu plus vaste que toute vie humaine. Celui qui tente de fuir est condamné à revenir sur ses pas. Celui qui pense avancer en ligne droite trace de grands cercles concentriques. Ici tout échappe à l'emprise des mains et du regard. Ici, l'oubli du monde extérieur est plus fort que toute mémoire.
Je rassemble mon courage et me retourne sur le dos, les bras en croix, les paumes vers le ciel. Autour de moi les ténèbres rôdent. La nuit a faim. Et les flocons sont carnivores.
Le vent s’est levé avec la tombée de la nuit. Les rafales secouent la véranda. Il neige. J’entends les flocons se précipiter contre la vitre comme des oiseaux bernés par les reflets.
Quand on regarde par la fenêtre, on dirait qu'on est en pleine mer. Partout, le vent a soulevé d’immenses lames de neige qui se sont figées au moment même où elles allaient déferler sur nous.
J'écoute les secondes tourner en rond autour du réveil, comme si elles cherchaient à gagner du temps.
Regarde. C'est un lieu plus vaste que toute vie humaine. Celui qui tente de fuir est condamné à revenir sur ses pas. Celui qui pense avancer en ligne droite trace de grands cercles concentriques. Ici tout échappe à l'emprise des mains et du regard. Ici, l'oubli du monde extérieur est plus fort que toute mémoire.
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J'ai déjà croisé ce roman sur la blogosphère avec de bons ressentis. Je l'ai noté d'ailleurs. Et il m'évoque un livre de Jean Joubert, Le enfants de Noé, coincés dans une formidable tempête de neige.
RépondreSupprimerMerci Mimi, je note ce titre. Bonne lecture...
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