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jeudi 7 mars 2019

[Zykë, Cizia] Oro






Coup de coeur đź’“

 

Titre : Oro

Auteur : Cizia ZYKE

Editeur : Hachette

Parution : 1985

Pages : 300









PrĂ©sentation de l'Ă©diteur :   

Oro est un livre culte.
Vendu à plusieurs millions d'exemplaires dans le monde entier, c'est le premier volume de la célèbre trilogie autobiographique de Cizia Zykë, qui se poursuit avec Sahara, ses souvenirs de contrebandier du désert, et Parodie, ses mémoires de parrain à Toronto.
Cizia Zykë est un personnage hors normes. C'est le dernier aventurier du monde moderne. Un homme pour qui l'interdit n'existe pas.
Pour oublier la mort de son fils, il s'est lancé à la quête d'actions fortes autour du monde. Il trouve l'aventure dans la jungle de la péninsule d'Osa, au Costa Rica, parmi les serpents, les policiers véreux, les prostituées et les trafiquants.
Oro est un texte fou, libre, sans pitié et magnifique.
Un must du récit d'aventure.

 

 

Avis :

Après avoir lu Alma, j’ai eu envie de redécouvrir Cizia Zykë, et par extension Thierry Poncet. J’ai donc commencé par ressortir Oro de ma bibliothèque, puis Sahara et Parodie.
 
De ces trois rĂ©cits autobiographiques, Oro demeure pour moi le plus percutant, sans doute parce que c’est le livre qui a fait dĂ©couvrir au public le formidable personnage de ZykĂ« et que l’effet de surprise y joue Ă  plein. 

Ce sont autant le fond que la forme qui sortent de l’ordinaire : le style est d’une part rapide, nerveux, centrĂ© sur l’action, mais aussi cynique, cru, provocateur et ironique. Le rĂ©cit est menĂ© tambour battant au fil des pĂ©ripĂ©ties vĂ©cues par un ZykĂ« Ă©pris de libertĂ© et de sensations fortes, rebelle Ă  nos vies de moutons domestiques, et qui a fait le choix d’une existence d’aventurier : prĂŞt Ă  tout, d’un courage et d’une capacitĂ© de rĂ©sistance peu communs, sans foi ni loi, pas gĂŞnĂ© par l’illĂ©galitĂ© et par la dĂ©monstration de force, mais gĂ©nĂ©reux et guidĂ© par des principes personnels de loyautĂ© et d’honneur, ce meneur d’hommes, fin psychologue et habile manipulateur, ne s’attache Ă  rien d’autre qu’à l’instant prĂ©sent. Flambeur et jouisseur, menant ses expĂ©riences jusqu’au bout puis les abandonnant sans regret pour repartir de zĂ©ro, cet opportuniste mĂ©galomane qui a tâtĂ© de la prison s’adonne Ă  tous les excès : le sexe, la drogue, le jeu, le danger. Macho, exigeant et autoritaire, se comportant en prince et maĂ®tre vis-Ă -vis de son entourage, c’est aussi un sĂ©ducteur invĂ©tĂ©rĂ© et un ami indĂ©fectible. 

Oro relate ses aventures au Costa Rica au dĂ©but des annĂ©es 1980 : d’abord orpailleur clandestin, il rĂ©ussit Ă  monter une holding tout Ă  fait lĂ©gale, une mine d’or qui fait sa fortune, jusqu’à ce que ses associĂ©s vĂ©reux tentent de l’éliminer et qu’il doive fuir le pays avec juste quelques kilos d’or en poche. Les conditions de vie et de travail relatĂ©es sont extrĂŞmes, le danger permanent, qu’il provienne de la jungle elle-mĂŞme, de l’exploitation minière ou de la rapacitĂ© des hommes. Dans cet environnement sans pitiĂ©, seuls la force et le courage (associĂ©s Ă  la coke) permettent de survivre. ZykĂ« n’y va pas de main morte et se comporte en vĂ©ritable chef de guerre : c’est Ă  la schlague et du bout de son P38, mais aussi avec une formidable capacitĂ© Ă  mener les hommes, Ă  forcer le respect et Ă  nouer les amitiĂ©s, qu’il Ă©tablit son leadership et rĂ©ussit l’impossible.

Oro est un rĂ©cit d’aventure vĂ©cue, addictif, dĂ©paysant, surprenant, choquant, drĂ´le : une histoire d’homme sans illusion, sans scrupule ni concession, capable d’aller au bout de ses envies et d’en payer le prix s’il le faut. S’il sait se montrer dur et impitoyable envers ses ennemis et ceux qu’il mĂ©prise, c’est aussi un homme droit dans ses bottes, fiable et gĂ©nĂ©reux, dont il fait bon ĂŞtre l’ami.  
Oro est une lecture coup de poing, dont on ressort hypnotisé. Coup de coeur donc. (5/5)


Citations :

Mais dans ce monde trop bien rĂ©glementĂ©, il est dur d'ĂŞtre un aventurier et de suivre ses propres lois. Pour moi, la notion d'interdit n'existe pas : je veux le faire donc je le peux.  

HĂ©las! Ce monde moderne n'est plus assez vaste. Il est impossible de se tailler un royaume, de vivre une aventure en dehors des lois, car la lutte est inĂ©gale. Tout est fait pour les faibles, groupĂ©s tous ensemble sous la bannière des lois Ă  respecter. Toutes mes aventures m'ont opposĂ© Ă  des gouvernements, en Afrique, en Asie, aux CaraĂŻbes et la partie est toujours perdue d'avance.  

Je suis cent fois moins pourri que ces dirigeants du tiers monde auquel je me heurte, mais eux ont l'avantage de la crĂ©dibilitĂ© et de la voix internationale. 

J'ai été plusieurs fois millionnaire, mais l'argent est reparti à chaque fois et aussi facilement qu'il était venu. Je n'accorde de l'importance à l'argent que lorsque je le dépense. Si je devais économiser, je ne serais pas moi-même et je n'aurai pas pu vivre ces aventures intenses qui furent les miennes. Une mentalité étriquée ne permet pas de vivre quelque chose de grand. Toute ma vie, mon dernier centime sera dépensé pour la flambe, le confort, pour ne jamais faire de concessions à la médiocrité.

J’ai toujours utilisé une psychologie fondée sur l’intimidation, la pression exagérée et la violence verbale. Mes menaces ont fait payer mes débiteurs, plus sûrement que les coups. Dans cette comédie cruelle, j’ai plus souvent fait peur que mal. Je me suis fait une réputation de tueur sans tuer personne et j’en suis fier.

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